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le Canada se prépare « au pire »


15 avril 2024 à 15h32
Mis à jour le 15 avril 2024 à 16h37

Durée de lecture : 3 minutes

Montréal (Canada), correspondance

Tout est en place pour que le Canada s’embrase à nouveau. « Il y a plusieurs tendances inquiétantes », a expliqué le 10 avril le ministre de la Protection civile, Harjit Sajjan, avant que son collègue de l’Énergie ajoute que le gouvernement se « préparait au pire ». S’il est trop tôt pour prédire une saison des feux de forêt aussi intense que celle de 2023, Ottawa a tout de même voulu sonner l’alarme. L’année dernière, 18 millions d’hectares de forêt sont partis en fumée au Canada, l’équivalent de la surface de l’Angleterre et de la Suisse réunies.

Ottawa est sur le qui-vive en raison de trois indicateurs : une sécheresse perceptible dans tout le pays, une faible accumulation de neige et des températures plus élevées que la moyenne cet hiver (15 °C en février à Montréal par exemple, un record battu de plus de 4 °C).

Le Canada s’attend donc à davantage d’incendies très tôt cette saison, en particulier dans l’ouest du pays et dans le sud du Québec. Dans la Belle Province, début avril, 20 brasiers ont été recensés, alors que la moyenne des dernières décennies était de 4, nous apprend le quotidien La Presse. Dans l’ouest, l’Alberta a dénombré près de soixante feux dits « zombies », des feux hibernants qui brûlent en profondeur la tourbe, sous la neige. Des dizaines de pompiers luttent depuis des semaines pour les éteindre.

Moins de pompiers

Avec la conférence de presse ministérielle du 10 avril, le gouvernement canadien tenait aussi à montrer qu’il ne partait pas d’une page blanche, à l’approche de la saison chaude. Ottawa a notamment libéré 250 millions de dollars canadiens (environ 171 millions d’euros) pour que les provinces se dotent d’équipements de lutte contre le feu, et donné 160 millions (environ 109 millions d’euros) pour que les communautés autochtones soient mieux préparées. Elles avaient été en première ligne lors des incendies de 2023 : des dizaines d’entre elles avaient été évacuées durant l’été.

Mais les défis sont immenses. Sur terre, la bataille que le pays mène pour lutter contre la pénurie de pompiers semble vaine. Leur nombre est en chute libre et chaque été chaud voit des soldats du feu raccrocher leur lance. D’après l’Association canadienne des chefs de pompiers, 30 000 d’entre eux sont partis dans les sept dernières années. Cité dans La Presse canadienne, une agence de presse nationale, le président de l’association, Ken McCullen, parle d’une année 2023 ayant laissé des traces. « L’année dernière, nous avons demandé aux pompiers volontaires d’intervenir pendant […] des mois, laissant derrière eux leurs responsabilités, leur emploi, leurs obligations parentales ou conjugales. […] À la fin de la saison dernière, certaines personnes ont simplement dit : “J’en ai fini. Je ne peux plus faire ça.” »

Le Canada freine tout de même l’hémorragie. Plus de 600 pompiers ont été formés cette année et Ottawa essaie d’en attirer de nouveaux, avec des incitatifs fiscaux, en doublant le crédit d’impôt pour les pompiers volontaires. Les provinces accélèrent aussi le pas. Au Québec, la Société de protection des forêts contre le feu (Sopfeu) veut faire grimper ses effectifs de près d’un tiers en deux ans. Elle tente au plus vite de trouver dix pilotes afin de pouvoir des postes à bord de ses avions-citernes. Face au feu, chaque jour et chaque recrue compte. Le 9 avril, la Sopfeu a déjà fait passer le danger d’incendie au niveau « extrême » dans plusieurs régions du Québec.



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