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Le glacis, une obsession russe, par Hélène Richard (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 17, 2024


Des conquêtes territoriales à défaut de garanties de sécurité

Avancées russes en Ukraine, aide américaine pour Kiev bloquée au Congrès, perspective d’un retour de l’isolationnisme à la Maison Blanche : un sentiment de vulnérabilité pousse l’Europe à durcir le ton. Pour justifier l’explosion des budgets militaires, ses dirigeants comparent la menace russe d’aujourd’hui au péril nazi d’hier. À l’exclusion d’autres leçons qu’enseigne l’histoire.

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Tanya Akhmetgalieva. — « If You Want I Can Disappear, Serie #1 » (Si tu veux je peux disparaître), 2020

© Tanya Akhmetgalieva – tanya-akhmetgalieva.art

Les choses tournent mal pour Kiev et ses alliés. En dépit des sommes considérables versées pour assister son armée et son économie après l’invasion russe — 160 milliards d’euros déboursés à la mi-février 2024 —, l’Ukraine se heurte à d’importantes difficultés : après l’échec de sa contre-offensive à l’été 2023, elle a dû se retirer de la ville d’Avdiivka, dans le Donbass, alors que les troupes russes continuent de grignoter du terrain. L’avantage technologique des armes occidentales n’a pas fait la différence. Les munitions manquent. L’aide militaire américaine est bloquée au Congrès, peut-être durablement. Promettant de régler le conflit en « vingt-quatre heures », le candidat républicain Donald Trump a menacé de ne plus verser « un seul penny » à l’Ukraine s’il était élu. Aussi, le « rapport de feu » se dégrade : cinq obus, voire dix, tirés côté russe pour un seul côté ukrainien, selon les estimations. Le différentiel démographique entre l’Ukraine et son adversaire se fait aussi sentir. Dans un entretien à The Economist publié le 1er novembre 2023, l’ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valeri Zaloujny, s’inquiétait de « tôt ou tard (…) constater que nous n’avons tout simplement pas assez de gens pour combattre ».

Cette impasse aurait pu conduire à une révision de la stratégie européenne. Or, fin février, M. Emmanuel Macron a pris prétexte des mauvaises nouvelles venues du front et de Washington pour accélérer dans la même direction, tout en franchissant un singulier palier : à l’issue de la conférence de Paris réunissant vingt et un chefs d’État et de gouvernement alliés de Kiev, le président français annonce, le 26 février, l’envoi possible de « troupes au sol ». Cette déclaration fait bondir nombre de ses homologues européens : il s’agirait d’une configuration inédite depuis le début de l’ère nucléaire. Au Vietnam, des soldats américains affrontaient des combattants disposant d’armes livrées par l’URSS ; en Afghanistan, les troupes (…)

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