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« Dieu n’existe pas, mais il nous a donné cette terre », par Anne Waeles (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 24, 2024


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Anonyme. — Œuf décoré d’un texte micrographique du « Cantique des cantiques », école polonaise, XIXe siècle

© Israel Museum, Jérusalem – Bridgeman Images

Si la coalition entre ultranationalistes laïques et religieux au pouvoir en Israël est inédite, l’imaginaire messianique a commencé à prospérer dans le pays bien avant 2022. Dès les débuts du sionisme, un discours emprunté au religieux doit conférer un supplément de légitimité au projet. Cette rhétorique convoque des termes tels que « Terre promise » et des espérances juives bimillénaires de rassemblement des exilés. Malgré l’athéisme de la majorité des pionniers sionistes. Malgré leur dédain à l’égard des juifs religieux — « arriérés », « passifs » — qu’ils souhaitent remplacer par des juifs rationnels, volontaires et travailleurs, aptes à reconstruire la nation juive en terre d’Israël. Libéraux ou ultraorthodoxes, les religieux voient l’émergence du projet sioniste comme une trahison de la tradition. Ils dénoncent une instrumentalisation du judaïsme au service d’une religion nationale.

L’universitaire Amnon Raz-Krakotzkin évoque à cet égard un messianisme laïque : « C’est parce qu’ils sont au cœur du mythe sioniste laïque », estime-t-il, que messianisme et nationalisme se renforcent aujourd’hui en Israël. « Les colons n’ont rien inventé. Leur position n’est pas différente de celle des sionistes laïques, ils vont simplement au bout de ses conséquences logiques. » Pour cet historien et d’autres avec lui, le sionisme apparaît comme un détournement des concepts fondamentaux du judaïsme, dont ceux d’exil et de rédemption. Car « l’essence du judaïsme est l’idée que l’existence est un exil ». Celui du peuple d’Israël après la destruction du second temple, que la tradition présente comme la conséquence d’un écart vis-à-vis des préceptes divins : « À cause de son iniquité (…) la maison d’Israël avait été exilée » (livre d’Ézéchiel 39:23). Mais dans cette relégation, les Juifs doivent observer les commandements de la Torah et, par leurs bonnes actions, réparer le monde. L’éloignement a donc aussi une dimension spirituelle — un autre historien, Yakov Rabkin, le présente comme un « état (…)

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