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ces politiques écolos en défense des personnes trans



26 avril 2024 à 15h34
Mis à jour le 27 avril 2024 à 08h23

Durée de lecture : 6 minutes

« Tout être humain a droit au respect, à la dignité et à vivre en paix. C’est aussi basique que ça, même si on voit que ça suscite beaucoup de résistances », résume à Reporterre Sylvie Tomic, ajointe au maire de Lyon en charge des droits et de l’égalité. Mercredi 17 avril, la mairie dirigée par l’écologiste Grégory Doucet a obtenu du groupe JC Decaux le retrait des affiches de promotion du livre transphobe Transmania. Enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre (éditions Magnus, 2024) des activistes Dora Moutot et Marguerite Stern. La mairie de Paris a fait de même. « La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville », a justifié sur X le premier adjoint en charge de l’urbanisme Emmanuel Grégoire, qui a qualifié l’accroche sur l’affiche de « transphobe et complotiste ».

En conférence de rédaction, les journalistes de Reporterre se sont interrogés sur l’opportunité de relayer cette prise de décision d’une mairie écologiste et donc de parler de Transmania. « Je suis sûre que la polémique profite aux autrices du livre », a objecté une de nos journalistes. Finalement, nous avons jugé que cet épisode était une occasion de demander à des élus écologistes les raisons de leur engagement contre la transphobie. Surtout dans un contexte où d’autres courants et collectifs se réclamant de l’écologie justifient leur rejet de la transidentité [1] au nom d’un prétendu « ordre naturel ». La revue La Décroissance a ainsi, en juillet-août 2019, assimilé transidentité et transhumanisme, et le collectif technocritique grenoblois Pièces et main d’œuvre (PMO) a qualifié les activistes trans d’« agents de la technocratie, de ses moyens technologiques et de ses objectifs transhumanistes ».

« L’écologie, c’est le respect du vivant et de sa diversité »

« L’écologie, c’est le respect du vivant et de sa diversité. C’est être très vigilant au fait que chaque être vivant soit protégé, respecté, traité de manière digne. Il n’est pas question de dire que telle personne est à rejeter en fonction de son identité de genre », réagit Sylvie Tomic. Qui insiste sur l’importance de considérer ce que ressentent les personnes trans. « Il est important de considérer comme légitime la manière dont une personne se sent dans son corps, dans sa tête, poursuit l’élue. On n’a pas à répondre à cette personne qu’elle a tort, qu’elle est ceci ou cela. »

Sylvie Tomic juge d’autant plus importante l’interdiction de cette campagne d’affichage et la fermeté des écologistes que la transphobie augmente. Dans son rapport 2022, l’association SOS homophobie – qui a porté plainte contre Dora Moutot et Marguerite Stern – a fait état d’une hausse de 35 % des cas de transphobie par rapport à 2020, 27 % par rapport à 2021.

Lire aussi : « Le mouvement écolo doit prendre en charge la question des discriminations »

D’après le sociologue Arnaud Alessandrin, en 2021, plus de 80 % des mineurs trans disaient avoir vécu une situation de discrimination au collège ou au lycée au cours des douze mois précédents.

Une offensive « guidée par l’extrême droite »

Un phénomène qui préoccupe la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. « En France et au niveau global, l’offensive transphobe guidée par des mouvements réactionnaires d’extrême droite est extrêmement forte. Elle infuse de plus en plus dans la société. La visibilité de Dora Moutrot et de Marguerite Stern, leur capacité à être médiatisées et à avoir leurs entrées dans les institutions, fait partie de ce mouvement global très dangereux que nous combattons au nom de la défense des droits humains », dit-elle à Reporterre.

Un mouvement qui se retrouve jusque sur les bancs du Parlement. La transidentité n’est plus considérée comme une maladie mentale depuis 2009 en France et depuis 2019 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (une décision entrée en vigueur en 2022). Pourtant, des sénateurs Les Républicains ont annoncé leur intention de déposer une proposition de loi préconisant des « prises en charge psychiatriques » des mineurs trans et l’interdiction des traitements hormonaux et des bloqueurs de puberté pour les mineurs [2]. Ces derniers permettent pourtant de réduire les pensées suicidaires, la dépression et la phobie scolaire d’après des médecins spécialisés interrogés par Le Monde.

Discriminations et inégalités

Mélanie Vogel a, en guise de contre-offensive, déposé mardi 2 avril une proposition de loi visant à faciliter le changement de sexe à l’état civil pour les personnes transgenres. « Jusqu’en 2016, pour pouvoir changer d’état civil, il était obligatoire, même si on ne le souhaitait pas, d’avoir subi des traitements hormonaux et chirurgicaux impliquant une stérilisation. La France a été condamnée à plusieurs reprises pour cela », précise-t-elle.

En 2016, la procédure a été démédicalisée mais elle est toujours judiciarisée, c’est-à-dire que c’est au juge de prendre la décision. « Mais beaucoup de juges demandent encore les dossiers médicaux. Les procédures sont très longues, inégalement appliquées sur le territoire, ce qui engendre des discriminations et une inégalité face à la loi. » La sénatrice propose de les remplacer par une simple déclaration auprès d’un officier d’état civil.

Un projet de loi qui n’a rien à voir avec l’écologie ? « Le projet des écologistes est indissociable de la lutte pour les droits humains, de tous les humains, tranche Mélanie Vogel. Ce n’est pas de sauver la planète pour sauver la planète, mais de sauver la planète pour les humains qui vivent dessus – y compris les personnes trans. »





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