• ven. Mai 17th, 2024

Placé sous contrôle judiciaire pour abus de biens sociaux, Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, interdit provisoirement de gérer

ByVeritatis

Mai 1, 2024


Arnaud Lagardère n’est pas au bout de ses peines. Six mois après avoir définitivement perdu le contrôle du groupe éponyme au profit de la famille Bolloré et son géant de l’édition, Vivendi, l’héritier de Jean-Luc Lagardère a été mis en examen lundi 29 avril 2024 pour abus de biens sociaux, entre autres accusations de la part du Parquet national financier (PNF). Arnaud Lagardère est soupçonné de s’être servi des comptes de ses sociétés personnelles pour financer son mode de vie pendant plus de dix ans. Il a été placé sous contrôle judiciaire, aux côtés d’autres personnes accusées de complicité. 

Après avoir hérité du groupe, alors propriétaire d’Hachette Livre et de plusieurs médias dont Europe 1 et Paris Match, Arnaud Lagardère s’est peu à peu endetté. Une décennie après le décès de son père en 2003, il a cédé la branche aérospatiale EADS, mettant fin à plus de 70 ans d’histoire du groupe dans la défense et l’aéronautique.  

En 2021, il renonce à la commandite par actions, statut mis en place par son père, Jean-Luc, c’est-à-dire le contrôle absolu sur le groupe, lors d’une assemblée générale des actionnaires à l’issue de laquelle il devient PDG, poste qu’il n’occupe plus depuis lundi, du moins provisoirement. 

Arnaud Lagardère placé sous contrôle judiciaire 

Lundi, Arnaud Lagardère, 63 ans, a été inculpé pour abus de biens sociaux et abus de pouvoir. Arrivé vers 9H au tribunal de Paris pour se faire interroger par des juges d’instructions financiers, il n’en est ressorti que vers 19H30, accompagné de ses avocats. Que lui reproche le Parquet national financier ? 

Le PDG du groupe a été mis en examen pour “diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir et non-dépôt de comptes”. Sa mise sous contrôle judiciaire est accompagnée par une “interdiction de gérer et l’obligation de fournir un cautionnement de 200 000 euros”.  

En ce qui concerne l’abus de biens sociaux, Arnaud Lagardère est soupçonné d’avoir puisé dans les comptes de ses sociétés, Lagardère SAS et Lagardère, pour financer son train de vie, et ce, entre 2009 et 2022. Ces entreprises “auraient notamment pris en charge des dépenses liées aux immeubles qu’il occupe ainsi qu’une créance successorale et de nombreuses avances en compte courant”. 

Cette enquête fait suite à une plainte du fonds Amber Capital, qui a réagi à des signalements de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et du Haut Conseil du commissariat aux comptes, devenu la Haute autorité de l’audit. En 2019 déjà, le principal accusé refusait, selon la Lettre, de rendre public les comptes de Lagardère Capital & Management (LCM), sa holding personnelle, en raison de la situation délicate de ses finances personnelles. Ses actions au sein du groupe auraient même atteint une valeur inférieure à sa dette.  

Ses abus auraient-ils précipité le démantèlement de l’empire familial ? L’affaire repose vraisemblablement sur les irrégularités comptables de ses sociétés personnelles, sans impacter la santé financière du groupe Lagardère.  

Le PDG interdit “provisoirement” de gérer 

La mise en examen de Lagardère fils, annoncée dans un communiqué, survient quelques jours après l’assemblée générale ordinaire annuelle des actionnaires du groupe éponyme. Le PDG, qui a “informé les administrateurs” de la décision prononcée à son encontre, a fait part de son intention de déposer un recours.  

Rappelant que cette affaire concerne ses sociétés personnelles, il dit “contester” l’interdiction provisoire de gérer dont il fait l’objet, tout comme les faits qui lui sont reprochés concernant Lagardère SA, qui datent de 2018 et 2019 et qui sont “qualifiés d’achat de vote, d’abus de pouvoir et de diffusion d’information fausse ou trompeuse”. 

Arnaud Lagardère est néanmoins “contraint se démettre de ses mandats exécutifs au sein du Groupe, en dépit du recours formé” et les administrateurs, poursuit le communiqué, “ont pris acte de cette mesure et se réuniront très prochainement pour prendre toutes les dispositions provisoires requises pour en tirer les conséquences et assurer la bonne gouvernance du Groupe”. 

Le 10 avril dernier, l’ancien directeur général délégué, Pierre Leroy, a déjà été mis en examen pour “achat de vote, complicité d’abus de biens sociaux et présentation de comptes annuels inexacts”. En outre, deux commissaires aux comptes se sont vus prononcer la même décision judiciaire à leur encontre pour complicité d’abus de biens sociaux. L’un d’eux a d’ailleurs été radié par le Haut Conseil du commissariat aux comptes ce mois-ci, pour avoir présenté “des comptes inexacts” et dissimulé “des faits délictueux”.  

Cette institution avait déjà lancé en 2019 une enquête, révélant un montant de 202 millions d’euros de flux irréguliers rien qu’entre 2014 et 2018.  

Deux ans après la fin de la commandite par actions, soit en novembre 2023, la famille Bolloré et sa propriété, le géant des médias et de l’édition, Vivendi, ont pris le contrôle du groupe Lagardère. 





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *