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Peut-on attribuer à un produit d’origine animale — viande, fromage, œufs, etc. — une note qui évaluerait le bien-être de la vache ou la poule qui l’a fourni ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est penchée sur la question, en publiant le 2 mai un rapport et une proposition d’étiquetage.
Alors que la Commission européenne envisageait de créer un étiquetage harmonisé pour tous les pays membres de l’Union, l’Anses s’est autosaisie en septembre 2021 pour proposer des « lignes directrices » de cet étiquetage du bien-être des animaux.
De la même manière que le Nutri-score évaluant la composition nutritionnelle des aliments, l’agence préconise d’adopter un système de notation avec cinq niveaux de bien-être, allant du meilleur (A) au plus faible (E). « Le niveau E correspond au seul respect des exigences imposées par la législation européenne en matière de bien-être animal, que ce soit pour la vie en élevage, le transport ou l’abattage », précise l’Anses.
Obligation de résultats
L’Anses insiste : cet étiquetage ne devrait pas tenir compte seulement des modes d’élevage ou des moyens mis en œuvre pour améliorer le bien-être des animaux. « Par exemple, un élevage de poules pondeuses peut disposer de perchoirs, mais si les poules ne les utilisent pas parce qu’ils ne sont pas adaptés, cela ne contribuera pas à leur bien-être », détaille Julie Chiron, coordinatrice d’expertise à l’Anses. Ainsi, c’est bien une obligation d’évaluation de résultats que préconise l’agence sanitaire, sur la base de mesures réalisées sur les animaux eux-mêmes.
Les scientifiques du groupe de travail de l’Anses ont identifié des facteurs pouvant impacter le bien-être d’un animal, de son hébergement à son alimentation, en passant par son transport, la formation de son éleveur, la limitation du recours à des pratiques douloureuses, et son abattage.
En outre, l’Anses estime que l’évaluation doit également tenir compte des conditions de vie des ascendants des animaux. « Pour certaines filières, les animaux reproducteurs sont élevés à l’étranger et peu d’informations sur leurs conditions de vie sont connues, explique Julie Chiron. […] On ne peut pas affirmer qu’une production respecte le bien-être des animaux si on ne sait rien des conditions de vie de la génération précédente, dont l’élevage est soumis à des contraintes particulières, notamment sanitaires. » Le cas échéant, les produits ne pourraient pas obtenir une note supérieure à C.
Déclinaison par filière
En France, une première démarche d’étiquetage du bien-être animal a été lancée en 2018 par l’enseigne Casino et des associations de protection des animaux, baptisée simplement « L’étiquette bien-être animal », pour les poulets de chair.
Selon Le Monde, l’initiative couvre aujourd’hui 40 % des éleveurs de poulets en France, pour 15 % de la production. Elle est en cours d’extension à d’autres filières, notamment les porcs et les œufs.
Le travail de l’Anses vise de son côté à étoffer le projet européen, qui serait harmonisé et concernerait tous les secteurs. « [Il] devra être décliné pour chaque filière ou catégorie d’animaux visée, et coconstruit avec les différents acteurs du domaine : les professionnels de l’élevage, les associations de protection animale et les scientifiques », indique Florence Etoré, cheffe de l’unité en charge de l’évaluation des risques liés au bien-être et à la santé des animaux à l’Anses.