• sam. Mai 18th, 2024

travailleurs et écolos ensemble au 1er-Mai


Paris, reportage

Ils étaient plus de 200 000, selon la CGT, et 121 000, selon le ministère de l’Intérieur, dans toute la France, le mercredi 1er mai. À Paris, entre traditionnels ballons des syndicats et chars des partis de gauche, le cortège s’est largement teinté de drapeaux palestiniens. Les keffiehs étaient suivis d’une banderole contre la transphobie, tandis que les collectifs de travailleurs sans-papiers se sont glissés derrière les drapeaux de Kanaky, la Nouvelle-Calédonie indépendantiste. Parmi les manifestants, syndicalistes et activistes ont tissé des liens entre écologie et travail. « Unissez-vous ! » exhortait une pancarte.

Les fonctionnaires contre les politiques anticlimatiques

Au rythme de la fanfare, les manifestants s’élancent depuis la place de la République. À l’arrière de sa camionnette, Olivier Aubrun, agent de maintenance sur les trains Transilien, s’attelle au service de boissons. Membre de la CGT cheminots, il est venu défendre le ferroviaire public, en particulier le fret, face à la concurrence du privé. 

Olivier Aubrun, agent de maintenance sur les trains Transilien.
© NnoMan Cadoret/Reporterre

Sous sa chasuble rouge, il porte un t-shirt avec l’inscription « 1 train = 50 camions ». Selon lui, les effectifs des gares de triage franciliennes se sont réduits comme peau de chagrin, au profit du routier. La « destruction du ferroviaire public » et les fermetures de lignes vont de pair avec « une dégradation des conditions de travail » pour les agents, entre « horaires décalés », « manque de matériel » et « détérioration des conditions de sécurité ».

À quelques pas de là, Élisabeth Pagnac a rejoint les rangs du SNEFSU qui a appelé à se mobiliser en ce 1er mai « contre les politiques inconscientes anticlimatiques et anti-écologiques ». Au sein de la Sous-direction de l’action climatique (SDAC) du ministère de la Transition écologique, elle est chargée de proposer des analyses pour la formulation de la politique énergétique et climatique.

Élisabeth Pagnac, de la Sous-direction de l’action climatique (SDAC).
© NnoMan Cadoret/Reporterre

Au fil des années, elle a ressenti une véritable « perte de sens » : « On doit livrer un élément de langage consensuel dans l’heure, au lieu de prendre le temps d’explorer techniquement un dossier pour orienter vers des actions concrètes. »

Les luttes écolos en quête d’alliance avec les travailleurs

À l’approche de la place de la Bastille, une large banderole a été accrochée sur une façade : « Stop Green Dock — À bas l’empire logistique et ses emplois merdiques », en référence au projet d’entrepôt logistique dans la capitale. Le comité local des Soulèvements de la Terre de Seine-Saint-Denis, Plaine Tempête, est passé par là. Quelques drapeaux d’Extinction Rebellion (XR) flottent dans la foule.

« XR fait un pas vers les syndicats des travailleurs, notamment pour les associer à la mobilisation contre TotalEnergies, qui fête ses 100 ans lors de son assemblée générale le 24 mai », annonce une militante. Objectif : dénoncer « la destruction du vivant », mais aussi « les profits records et les milliards pour l’actionnariat ».

Des militants de la Crem’arbre, la zad contre l’A69.
© NnoMan Cadoret/Reporterre

Georges [*] appelle de ses vœux cette alliance entre les mouvements des travailleurs et les luttes écologistes. Il a passé cinq mois à occuper la Crem’arbre, la zad contre le projet de l’A69 dans le Tarn. Il brandit sa pancarte « Zad partout », et lance : « C’est du travail aussi d’être zadiste ! » Dans le Tarn, il s’est rendu sur le chantier de l’autoroute, à la rencontre des ouvriers, « pour la plupart en contrats précaires, CDD et intérims ».

Installé en maraîchage et arboriculture biologique depuis quatre ans et issu d’une famille d’agriculteurs, le militant ne peut que constater le lien entre les conditions de travail dans les champs et le dérèglement climatique. « Dans mon coin, les sécheresses ravagent les monocultures céréalières qui nécessitent énormément d’eau. Des agriculteurs sont interdits d’arroser leurs champs à cause des pénuries », décrit le maraîcher, qui espère une « transition du travail agricole ».

La mascotte Bernard Arnault, patron de LVMH.
© NnoMan Cadoret/Reporterre

Arrivés sur la place de la Nation, la musique et les slogans ont laissé la place aux affrontements entre manifestants et forces de l’État. Grenades assourdissantes et lacrymogènes, contre jets de pierres et autres projectiles. Dix-neuf personnes ont été placées en garde à vue, selon le parquet de Paris.



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