• lun. Mai 20th, 2024

Entre Castres et Toulouse, une zad de 54 kilomètres contre l’A69


« Nous luttons sur tout le tracé, c’est une zad de 54 kilomètres de long. » De Verfeil, au nord-est de Toulouse, jusqu’à Castres, les opposants au projet d’autoroute A69 font peser une pression constante sur le concessionnaire Atosca pour retarder les travaux. Trois zones à défendre (zad) résistent encore, malgré l’avancée des engins de chantier.

À Saïx, dans le Tarn, deux sites sont encore sur pied. « Les machines s’approchent de plus en plus de nous, on sent que le concessionnaire et les pouvoirs publics veulent passer en force. Il y a de nombreux contrôles de police, des interpellations, des violences… La répression s’intensifie », détaille par téléphone et sous anonymat un habitant de la zad de la Crem’arbre, où des militants sont de nouveau présents au sol et dans les arbres depuis le départ des forces de l’État, le 24 mars.

« Cela peut être très démoralisant de voir les machines détruire une prairie pleine de vie sous nos yeux en quelques heures, mais on ne baisse pas les bras », poursuit le zadiste. Pour combattre ces excavatrices, pelles à chenilles ou compacteurs, les opposants à l’autoroute tentent également d’imaginer un futur désirable. « On a replanté plus de 35 arbres fruitiers sur le tracé, créé 4 zones potagères sur 800 m² et une grande zone de compensation maraîchère. On empêche les travaux, mais notre projet va bien au-delà de cet objectif. On veut réinvestir les terres saccagées et leur redonner vie. »

Trois zad résistent encore sur le tracé de l’A69 : la Crem’arbre, la Cal’arbre et Le Verger (plus à l’ouest).

À quelques kilomètres de là, la zad de la Cal’arbre est également un caillou dans la chaussure du concessionnaire Atosca. Cette zone se situe sur le tracé de l’autoroute, entre Saïx et Cambounet-sur-le-Sor, et abrite une biodiversité remarquable avec une prairie, de nombreux chênes et une mare. Occupé depuis le 20 février, le terrain a vu fleurir de nombreuses cabanes dans les arbres et au sol.

La zad de la Cal’arbre s’est installée le 20 février 2024.
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

Près du site, quatre engins de chantier ont été incendiés mi-avril par un « mystérieux » groupe appelé le Giec, le « Gang d’insolentes éclatant le capital », reprenant le sigle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Cet événement a provoqué la colère du préfet du Tarn, Michel Vilbois, promettant un renforcement des effectifs de gendarmes. Le 22 avril, le préfet a également annoncé l’expulsion imminente de ce site, pour que le concessionnaire puisse « y réaliser les diagnostics archéologiques ».

Si les zadistes vivent depuis dans la crainte de cette intervention, les soutiens continuent d’affluer sur le site. « On nous parle d’un préjudice de 1 million d’euros pour le concessionnaire, mais qu’est-ce que cette somme représente quand on n’aura plus d’arbres, de mésanges ou d’abeilles dans nos prairies ? » se questionne, toujours sous anonymat, l’un des habitants de la Crem’arbre.

« Une seule et même zad »

En poursuivant la route sur une cinquantaine de kilomètres vers Toulouse, une troisième zad résiste à l’A69, Le Verger. Située à Verfeil, à l’embranchement du tronçon A680 et de la future A69, cette zad semble à l’abri des menaces d’expulsion, contrairement à ses deux cousines du Tarn. Une famille de locataires, dont le bail s’étend jusqu’à fin 2025, habite toujours la maison qui se situe sur ce terrain et ne peut être expulsée pour le moment.

Voyant les engins s’approcher au bord de leur parcelle, les locataires ont accueilli des zadistes pour investir les lieux, construire des cabanes dans les arbres et participer à la création d’un potager.

« Face aux mastodontes d’Atosca, beaucoup de personnes se retrouvent démunies et se disent qu’il vaut mieux accueillir des zadistes plutôt que de se faire expulser et se plier au concessionnaire », déclare Léo, habitante du Verger. Et d’ajouter : « C’est un lieu ressource, où on ressent moins de pression et de menaces que les deux autres zad, mais les machines sont à quelques mètres. Le soir, je monte parfois dans le noyer pour regarder le coucher de soleil sur le chantier. C’est intense de voir ce contraste entre notre îlot de verdure et la zone désertique détruite et terrassée par les pelleteuses. »

Même si la lutte s’articule autour de ces trois lieux, Maël, habitant du Verger, assure que « c’est une seule et même zad. Nous sommes très mobiles sur les 54 kilomètres du tracé avec des lieux d’occupation et des relais un peu partout. Dès qu’il faut être quelque part pour bloquer un chantier ou soutenir une occupation, on converge ». De nombreux collectifs opposés à l’autoroute, comme La Voie est libre ou le Comité toulousain contre l’A69, soutiennent ces occupations, tout comme le mouvement des Soulèvements de la Terre, qui organise une nouvelle mobilisation contre l’autoroute les 8 et 9 juin prochains.





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