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La forêt française, un bien commun en danger, par Pierre Puchot (Le Monde diplomatique, mai 2024)

ByVeritatis

Mai 14, 2024


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Romain Bernini. — « Him V », 2022

© ADAGP, Paris, 2024 – Photographie : Rebecca Fanuele – Galerie Suzanne Tarasieve, Paris

D’un côté, le feu et l’étendue désertique qui lui succède. De l’autre, une forêt luxuriante, millénaire et qui abrite un nombre d’espèces unique en Europe. En ce printemps 2023, le massif des Albères, dans les Pyrénées-Orientales, est un concentré des paradoxes et des choix qui attendent la forêt française, sujet d’inquiétude majeure à l’heure du changement climatique. Surexploitations forestières, maladies et parasites, espèces invasives, dépérissement, sécheresse, incendies, tempêtes… Accablées de tous les maux, les forêts hexagonales sont à bout de souffle et ne jouent plus leur rôle de capteur de dioxyde de carbone (CO2), au moment où l’humanité en a le plus besoin. En 2022, elles ont capté seulement 27,6 millions de tonnes de CO2, contre 40 en moyenne annuelle lors de la décennie passée, et 60 lors des dix années qui la précédaient. Dans le Grand Est notamment, certaines forêts émettent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent. Entre les périodes 2005-2013 et 2012-2020, la mortalité des arbres s’est accrue de 54 %.

Face à ce paysage apocalyp­tique, un détour par la forêt de la Massane ravive toutefois l’espoir du plus pessimiste des climatologues. Avant d’entrer dans la réserve, en se retournant, on peut observer le front de mer qui s’étend depuis Cerbère jusqu’à Banyuls, où les arbres sont partis en fumée : mi-avril 2023, le feu y a détruit plus de 1 000 hectares. Mais ici, à 600 mètres d’altitude, règne une tout autre atmosphère. Plus haut degré de protection de la nature, la réserve est gérée par l’Association des Amis de la Massane, qui regroupe un collectif de scientifiques issus de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (OOB), rattaché au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à Sorbonne Université. Pourquoi tant d’attention pour une forêt perdue aux confins des Pyrénées, confetti de 336 hectares noyé au sein des 17,3 millions d’hectares de la forêt française ? Pour ces chercheurs, la Massane n’est pas « seulement » une forêt. C’est un sanctuaire vieux de plusieurs (…)

Taille de l’article complet : 4 594 mots.



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