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Guatemala, une université contre l’État, par Mikaël Faujour (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Juin 14, 2024


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Larry Towell. – Attachés de l’ambassade des États-Unis assistant aux cérémonies officielles de la fête nationale du « Jour de l’armée », Ciudad de Guatemala, 1988

© Larry Towell / Magnum Photos

On accède au cœur de l’université privée Francisco-Marroquín (UFM) — du nom d’un évêque du Guatemala au XVIe siècle — par le passage des Stèles, une allée bordée de répliques de monuments funéraires mayas et de massifs de fleurs. En contrebas, de belles berlines dorment sur le parking. Passé la résidence des étudiants, des oriflammes affichent : « Bienvenue à la Maison de la liberté ! »

Dans cet épicentre festif et chic de Ciudad de Guatemala, à l’écart de la « zone vive », la quiétude règne comme en peu de lieux de la capitale du pays. Élégants et sans démesure, les bâtiments de brique rouge — matériau inhabituel dans une ville boursouflée de béton — s’accordent à la profuse végétation des jardins. Un havre pour les quelque 3 000 étudiants répartis dans une quinzaine de cursus : sciences économiques, droit, relations internationales mais aussi cinéma et arts visuels, psychologie, éducation ou nutrition. L’université publique San Carlos compte, elle, 41 départements et 230 000 étudiants sur l’ensemble de ses campus en 2023.

Les noms sont sans équivoque : place de la Liberté, bibliothèque Ludwig-von-Mises en surplomb d’une mare bucolique, place Adam-Smith, amphithéâtres Friedrich-Hayek et Milton-Friedman, relief en hommage à la romancière libertarienne Ayn Rand. Nous sommes bien dans un temple du libéralisme, où l’utopie se matérialise. D’ailleurs, ici, tous les étudiants suivent, en première année, des cours obligatoires sur l’éthique de la liberté et la philosophie sociale de Friedrich Hayek.

L’une des deux rues menant au campus porte le nom de Manuel Ayau. Né en 1925 dans une famille aristocratique distinguée, décédé en 2010, celui-ci avait fait fortune dans le coton, le pétrole, la céramique ou la construction de ports. Ayau siège au Parlement dans les années 1970. Il intègre aussi le Mouvement de libération nationale, « parti de la violence organisée », anticommuniste et lié aux escadrons de la mort. C’est lui le père de la « Marro », le surnom de l’université. Hostile à l’« approche (…)

Taille de l’article complet : 2 229 mots.



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