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Circuits intégrés et semi-conducteurs : La Russie réalise et teste sa première machine de photolithographie

ByVeritatis

Juin 20, 2024


La Russie s’apprête-t-elle à rejoindre la course dans la fabrication des semi-conducteurs ? Moscou a annoncé en mai dernier la fabrication de sa première photolithographie, une machine utilisée dans la production des circuits intégrés et de dispositifs de semi-conducteurs. La machine, qui peut actuellement fabriquer des puces de tailles allant jusqu’à 350 nanomètres (nm) est actuellement testée, a annoncé le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Vasily Shpak. 

Tout comme l’intelligence artificielle, la production de semi-conducteurs cristallise la rivalité sino-américaine, aussi bien économique que sécuritaire. Washington et Pékin déploient des efforts massifs, notamment via des subventions colossales, pour développer leurs capacités nationales de production de puces et réduire leur dépendance vis-à-vis de l’autre. En 2022, l’administration Biden a adopté la loi CHIPS sur la recherche et développement, dotant le secteur de 52 milliards de dollars.  

La Chine a déjà annoncé en 2023 un ambitieux plan de développement d’une industrie de semi-conducteurs avec un investissement de 74 milliards de dollars et s’est fixé la tête du marché mondial comme objectif.  

La Russie entend rejoindre la course 

L’Oncle Sam a imposé, dès 2022, de sévères restrictions sur les exportations vers la Chine de puces avancées, d’équipements de production et de logiciels associés, au nom de leur sécurité nationale, pour contrer la croissance chinoise et maintenir son hégémonie. Une avance que les États-Unis doivent, entre autres, à Taïwan, plus précisément TSMC, sous-traitant vital et plus grand fondeur de puces au monde, qui a annoncé la construction de nouvelles usines en Amérique du Nord, en Europe et au Japon compte tenu des risques d’invasion chinoise que subit l’État insulaire.  

La Chine a déposé une plainte contre les restrictions américaines à l’OMC, les jugeant contraires aux règles du commerce international, répliquant à son tour par des restrictions sur les exportations de deux métaux, dont elle est le principal producteur mondial et qui sont indispensables pour la fabrication de semi-conducteurs. 

Une course qui a poussé la Russie à envisager sa propre production. Fin 2023, le vice-ministre du Commerce, Vasily Shpak, déclarait dans une interview que “sans microélectronique souveraine, il n’y a pas de souveraineté”. “Nous comprenons parfaitement que nous avons besoin de notre propre technologie, qui nous permettrait de ne pas perdre la capacité de fabriquer des produits microélectroniques quelles que soient les circonstances extérieures”.  

Évoquant l’accès de plus en plus tendu aux semi-conducteurs, il a justement rappelé les sanctions américaines contre la Chine. “Depuis le 1er septembre [2023], ils ne sont plus approvisionnés en matériel lithographique. Ils ne nous approvisionnent plus depuis longtemps. Cela peut affecter n’importe quel État, et non seulement nous, et d’autres pays l’ont compris. C’est pour cela que tout le monde court vers le développement de la microélectronique”, explique-t-il. 

La photolithographie testée à Zelenograd 

Il annonçait, dans la foulée, “le début de la production d’une lithographie russe pour une topologie de 350 nanomètres” pour 2024. “Nous envisageons d’aller plus loin, nous nous efforcerons d’atteindre les topologies les plus modernes”, a-t-il affirmé. Si les puces de 350 nm sont effectivement considérées comme dépassées par certaines normes modernes, elles sont toujours utilisées dans diverses industries telles que l’automobile, l’énergie et les télécommunications.  

“Nous avons assemblé et réalisé la première lithographie nationale. Elle est actuellement testée dans la ville technologique de Zelenograd”, a-t-il déclaré, relayé par l’agence officielle TASS. 

Une machine de photolithographie est un appareil crucial utilisé dans la fabrication de circuits intégrés et de dispositifs à semi-conducteurs. Il s’agit d’une technique de microfabrication qui permet de transférer des motifs spécifiques sur un substrat, généralement une plaquette de silicium, afin de créer les circuits électroniques à une échelle microscopique.  

Des équipements de ce niveau de complexité dans le monde sont assemblés par plusieurs acteurs majeurs, dont le plus important est le néerlandais ASML, ainsi que Canon et Nikon. A se référer aux déclarations du même responsable russe, deux usines pourraient être chargées de cette production : Mikron et Angstrem. La première fournit déjà des capacités de fabrication de puces de 65 à 250 nm. La seconde, qui a fait faillite en raison des sanctions américaines et qui s’est réorganisé en 2019, propose une fabrication de puces de 90 à 250 nm. 

Moscou s’est fixé comme objectif de produire des puces de 65 nm d’ici 2026, des puces de 28 nm d’ici 2027 puis celles de 14 nm d’ici 2030. L’industrie russe électronique connaît, toujours selon les dires de Vassily Shpak, des taux de croissances notables. 





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