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À Montargis, des émeutes aux urnes, par Cédric Gouverneur (Le Monde diplomatique, juillet 2024)

ByVeritatis

Juil 9, 2024


Dossier : France, de la crise au chaos politique

Fin juin 2023, la mort de Nahel Merzouk, un adolescent tué par un policier à Nanterre, a provoqué plusieurs nuits d’affrontements dans toute la France. À Montargis (quinze mille habitants), des centaines de jeunes ont dévasté les rues commerçantes. La politique d’embellissement du centre historique de cette petite ville cache mal le délaissement de quartiers minés par la misère et le trafic de drogue, héritages empoisonnés de la désindustrialisation.

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Aaron Johnson. – « Dear Gravity » (Chère gravité), 2020

C’était la route des vacances, avant l’avènement des autoroutes : par la nationale 7, à 110 kilomètres au sud de Paris, on arrive à Montargis. Place Victor-Hugo, une petite gondole, comme échouée sur le rond-point, rappelle que la ville, avec ses canaux et ses 132 ponts, revendique le titre de « Venise du Gâtinais ». En témoignage de ses liens avec la sous-préfecture du Loiret, la Chine va lui offrir un 133e ouvrage. Au début du XXe siècle, parmi les centaines de Chinois venus y étudier et travailler figuraient plusieurs camarades de Mao Zedong, notamment Deng Xiaoping — dont la place de la gare porte le nom — et Cai Hesen, l’un des idéologues de la révolution. « La doxa du Parti communiste chinois aurait été écrite à Montargis », rapporte le maire Les Républicains (LR) Benoît Digeon. La commune a ouvert un petit musée historique de l’amitié franco-chinoise.

Mais derrière la carte postale, il y a les meurtrissures. Des panneaux de bois remplacent les vitrines de la rue Dorée, principale artère commerçante. Une centaine de boutiques ont été endommagées par les émeutes du 29 juin 2023 consécutives de la mort de Nahel Merzouk — du bris de vitrines au pillage, voire à l’incendie. Place Mirabeau, un terrain vague grillagé a pris la place de la pharmacie. Son incendie par des émeutiers s’est propagé à la cordonnerie mitoyenne puis à tout l’immeuble ; sa façade s’est écroulée ; par prudence, on a rasé le bâtiment et son voisin. Dans la rue perpendiculaire du Général-Leclerc, un second terrain vague expose sa désolation : ici, c’est une quincaillerie qui a été brûlée. L’immeuble a dû être démoli. Selon la commune, le montant des préjudices atteindrait pour elle 400 000 euros, et pour le secteur privé entre 10 et 20 millions d’euros.

À mi-chemin entre les deux terrains se trouve la splendide façade des Praslines Mazet, la plus ancienne confiserie de France, créée au XVIIe siècle. Elle appartenait jusqu’en 2020 au maire, M. Digeon — petit-fils du confiseur Jean Mazet —, qui l’a revendue à un ancien (…)

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