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Des reporters en première ligne, par Laurent Gayer (Le Monde diplomatique, juillet 2024)

ByVeritatis

Juil 11, 2024


Nouvelles figures d’une profession

Rapporter les images au plus près de l’action, le point de vue des manifestants plutôt que celui de la police : les reporters de rue ou « street reporters » contribuent depuis quinze ans à changer le regard sur les mouvements sociaux. Comment, et au prix de quelles contradictions, ces journalistes engagés s’insèrent-ils dans un univers audiovisuel dominé par l’argent ?

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Achim Riethmann. – « Mégaphones », 2023

© Achim Riethmann

Ils sont de toutes les manifestations, occupations et actions coup de poing. Équipés de caméras, parfois simplement fixées sur leur casque, ou de téléphones portables, ils couvrent de l’intérieur les luttes sociales et environnementales — ainsi que leur répression. Leurs « directs » et leurs vidéos postés sur les réseaux sociaux proposent une immersion au cœur des premières lignes de la contestation, parfois sur le modèle des jeux vidéo de tir à la première personne (FPS). Parce qu’ils documentent gestes et propos violents de la part des forces de l’ordre, les journalistes de rue ou « street reporters » ont aussi contribué à médiatiser — et à judiciariser — la question des violences policières en France ces dernières années.

Leur irruption dans l’espace audio­visuel remonte au « mouvement vert » iranien de 2009 et aux révolutions arabes de 2011. En France, elle coïncide avec l’apparition, quelques années plus tard, de nouvelles applications mobiles de diffusion en direct sur les réseaux sociaux (Periscope, Facebook Live). Le mouvement Nuit debout puis celui contre la loi dite « El Khomri » (ou « travail ») constituent la matrice de cette scène médiatique indépendante. Marquées par le débordement des organisations syndicales, par l’avènement du « cortège de tête » — groupe de manifestants non affiliés à des organisations — et par un regain de conflictualité lors des défilés, les mobilisations de l’année 2016 s’accompagnent d’une couverture inédite. Aux « périscopeurs » qui filment en direct les assemblées de Nuit debout, à l’instar de Rémy Buisine, s’ajoutent bientôt des agences indépendantes spécialisées dans la couverture des manifestations, telles que Line Press, fondée par Laurent Bortolussi, et Taranis News, lancée par Gaspard Glanz.

Privilégiant les séquences d’affrontement avec les forces de l’ordre, ces médias en ligne ont été accusés, tant dans la presse de droite que dans celle de gauche, de mettre en spectacle l’émeute et de décontextualiser les mobilisations, en noyant leurs revendications dans (…)

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