Éva Szombat. – « Happiness Book » (Livre du bonheur), 2014
«Quand on a envie de détester quelqu’un, on n’est jamais à court de raisons. »
Jane Austen, Lady Susan.
Jane Austen est née en 1775 dans le Hampshire, en Angleterre, et morte, en 1817, dans le même comté, à 41 ans. Celles et ceux qui ont vécu dans une grotte jusqu’à ce jour apprendront ici qu’elle fut romancière.
La vie de Jane Austen est aisée à résumer : elle la passe entièrement au sein d’une famille unie de la gentry. Dans ce milieu agreste, modeste et intellectuel, elle bénéficie d’une bonne éducation, mais tire le diable par la queue de son premier à son dernier souffle. Et ne se marie pas, ce qui lui laisse le temps de rédiger une œuvre consacrée à l’art de choisir un époux. Dans cette floraison littéraire éclose en toute discrétion se détachent les romans Raison et sentiments, publié en 1811, Orgueil et préjugés en 1813, Mansfield Park en 1814 et Emma en 1816. Ils connaissent un certain succès de librairie et lui rapportent 631 pounds sterling, pas un penny de plus. Deux autres romans, L’Abbaye de Northanger et Persuasion, sont publiés à titre posthume en 1818. Et Sanditon, commencé en janvier 1817, reste inachevé.
L’œuvre de Jane Austen a reçu quantité de qualificatifs, certains reviennent plus que d’autres : « maîtrise du discours indirect libre », « réalisme social » et « humour féroce ». Une longue lignée de romans sentimentaux a durablement séduit le public, elle s’en veut une critique en mode ironique. Elle constitue une passerelle qui mènera au mouvement connu sous le nom de réalisme littéraire. Les charmes de son écriture sont nombreux, sur ce sujet je passe la parole à Virginia Woolf, dans Le Commun des lecteurs (L’Arche, 2004), paru en 1925 : « L’esprit de Jane Austen n’a d’égal que la perfection de son goût. Chez elle, un idiot est un idiot, un snob est un snob car il s’écarte du modèle de raison et de bon sens qu’elle a en tête, et qu’elle nous transmet sans équivoque, même lorsqu’elle nous fait rire. Jamais (…)
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