Chine et États-Unis, la grande divergence énergétique, par Arnaud Bertrand (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Chine et États-Unis, la grande divergence énergétique

Commerce, normes, géopolitique : la rivalité sino-américaine se déploie dans tous les domaines. Alors qu’aux passes d’armes entre les deux géants succèdent les rencontres « chaleureuses », une constante semble se dégager : l’Union européenne se trouve systématiquement laissée sur le bord du chemin, malgré son alignement sur Washington. En ira-t-il de même dans le secteur stratégique de l’énergie ?

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You Lin. — « Bamboos Along a Peculiar Road » (Bambous le long d’une route étrange), 2020

© You Lin – Coma Gallery, Sydney

Là encore, le grand écart… D’un côté, la Chine, avec ses parcs éoliens, ses champs de panneaux solaires et ses mégapoles dont les illuminations nocturnes défient l’obscurité. Un pays que certains observateurs qualifient désormais d’« electrostate » (« État électrique »). De l’autre, les États-Unis, premier producteur mondial d’hydrocarbures, et le slogan qui a scandé la campagne présidentielle de l’actuel locataire de la Maison Blanche, M. Donald Trump : « Drill, baby, drill ! » (« Vas-y, fore à fond ! »).

Renouvelable ou fossile, électricité contre pétrole, l’affrontement entre Pékin et Washington semble également structurer les stratégies des deux superpuissances dans le domaine de l’énergie. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2025, le président américain a qualifié le changement climatique de « plus grande arnaque jamais imaginée ». Avant d’avertir le parterre : « Si vous tombez dans le panneau de cette escroquerie qu’est l’énergie verte, vos pays vont couler. » « La transition verte et bas carbone est la tendance profonde de notre époque, a rétorqué son homologue chinois Xi Jinping. Bien que certains pays s’y opposent, la communauté internationale devrait garder le cap. »

Au-delà des discours, qu’en est-il réellement de cette bifurcation bruyamment mise en scène par les deux géants ? Et quelles conséquences pourrait-elle avoir pour le Vieux Continent, bien silencieux sur la question ?

Officiellement motivée par des préoccupations environnementales, la transition vers les renouvelables de Pékin répond également à un impératif de souveraineté. La Chine importe la majeure partie de ses énergies fossiles (à l’exception du charbon) : une vulnérabilité stratégique puisque les routes maritimes qui acheminent le pétrole traversent des détroits — Ormuz et Malacca notamment — qui pourraient être fermés en cas de conflit. L’électrification de l’économie adossée à une production nationale a (…)

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