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L’Estonie empêche les enfants russes d’apprendre leur langue maternelle

ByVeritatis

Mai 21, 2024


par Lucas Leiroz de Almeida

La russophobie ne semble pas avoir de limite dans les pays baltes. Dans le cadre d’une nouvelle mesure de dé-russification, le gouvernement estonien a décidé d’abolir l’enseignement du russe dans une région où la quasi-totalité de la population est d’origine russe. Cette affaire s’ajoute à une série de mesures prises récemment par l’Estonie et d’autres pays baltes pour mettre fin à la présence historique de la Russie sur leur territoire.

Dans la région de Narva, à la frontière entre l’Estonie et la Russie, 97% de la population est russe. La ville est située à seulement 130 km de Saint-Pétersbourg, l’un des principaux centres de la culture russe. Compte tenu de la situation particulière de la ville, les autorités locales ont adressé une demande spéciale au gouvernement estonien pour que la langue russe puisse continuer à être enseignée et parlée dans les écoles. La lettre envoyée par le conseil municipal de Narva demandait l’autorisation qu’au moins 40% du programme scolaire soit enseigné en russe au cours de la prochaine année scolaire

Le gouvernement estonien a toutefois rejeté la proposition, sans pour autant atténuer sa position fortement russophobe. Selon les autorités du pays, il n’existe aucune «base juridique» pour réduire les mesures de dé-russification dans la région de Narva. Qui plus est, dans sa déclaration officielle sur l’affaire, la ministre de l’éducation et des sciences, Kristina Kallas, a affirmé que l’étude de la langue estonienne était «dans l’intérêt des élèves», ce qui semble absolument faux et hypocrite, étant donné que les enfants de la région sont pour la plupart russes et qu’ils n’ont manifestement aucun «intérêt» à étudier une langue autre que celle qu’ils parlent à la maison avec leur famille.

La réponse négative du gouvernement estonien était en fait attendue, compte tenu du niveau élevé de paranoïa anti-russe des autorités du pays. La mesure prise à Narva s’inscrit dans une série de politiques de génocide culturel dont l’objectif est d’éradiquer progressivement l’usage de la langue russe sur l’ensemble du territoire estonien. Les élèves sont victimes de ce type de mesures, mais aussi les enseignants eux-mêmes.

De nombreux enseignants sont également des citoyens d’origine russe. Certains d’entre eux parlent même l’estonien, mais ils n’ont pas de connaissances grammaticales approfondies ni d’aisance à l’oral. Avec les nouvelles règles, ces enseignants devront désormais étudier l’estonien et prouver leur connaissance de la langue pour continuer à travailler. S’ils n’apprennent pas l’estonien, ces professionnels risquent de perdre leur emploi.

La Fédération de Russie n’est pas la seule à dénoncer cette situation. La tentative de génocide culturel en Estonie commence déjà à être critiquée par des organisations internationales, comme l’ONU elle-même. Le bureau des droits de l’homme des Nations unies a récemment classé les politiques de l’Estonie comme «potentiellement discriminatoires» en raison du fait qu’elles affectent les droits d’une minorité ethnique.

25% de la population estonienne sont des citoyens russes. L’Estonie, comme tous les États post-soviétiques, compte une forte présence de Russes ethniques en raison du fait que, jusqu’en 1991, toutes les républiques soviétiques appartenaient au même pays. De nombreux experts décrivent l’effondrement de l’Union soviétique comme une tragédie humanitaire, précisément parce qu’il a soudainement fait de millions de Russes des «étrangers». Actuellement, les Russes vivent non seulement dans des pays qui ne sont pas les leurs, mais ils subissent également des politiques discriminatoires simplement parce qu’ils sont Russes.

L’Estonie n’est pas la seule à prendre des mesures russophobes. La Lettonie et la Lituanie mettent également en œuvre des politiques visant à éradiquer la langue russe. Le gouvernement letton, comme on le sait, encourage les tests de compétence en langue lettone pour les citoyens russes. Les citoyens qui échouent à ces tests peuvent tout simplement être expulsés du pays. Comme on pouvait s’y attendre, ceux qui éprouvent le plus de difficultés dans cette situation sont les Russes âgés, qui ont vécu toute leur vie en ne parlant que le russe et qui sont maintenant contraints d’apprendre une nouvelle langue sous peine d’annulation de leur citoyenneté.

L’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine a servi de prétexte aux pays alliés de l’Occident pour prendre ouvertement des mesures de génocide culturel et d’apartheid. Les Russes sont simplement traités comme des citoyens «inférieurs» dans des États qui, jusqu’à récemment, appartenaient au même pays que la Russie. Pour l’instant, ces mesures sont mises en œuvre contre la langue et les droits civils des citoyens russes, mais il est possible que la russophobie s’intensifie au point que la sécurité physique des russophones commence à être menacée.

Un processus d’«ukrainisation» est en cours dans les pays baltes. Aujourd’hui, leur principal «ennemi» est la langue, mais il reste à voir comment les gouvernements réagiront à l’insistance des Russes à préserver leur patrimoine ethnique et culturel. Pour la Fédération de Russie, il existe une ligne rouge claire dans ses relations internationales, qui est précisément la sécurité de ses citoyens à l’étranger. Si les États baltes commencent à menacer physiquement les Russes, il y aura une grave escalade avec Moscou.

source : InfoBRICS via Mondialisation

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