Quand M. Hollande récrit la gauche, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, mars 2025)


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René Magritte. – « Le Tombeau des lutteurs », 1960

© ADAGP, Paris, 2025 – Christie’s Images – Bridgeman Images

Il y a quelques années, M. François Hollande a publié un ouvrage sur sa présidence. Apparemment ce n’était pas assez. Après Les Leçons du pouvoir, il nous propose cette fois Le Défi de gouverner. Plus historique, son analyse aborde successivement l’affaire Dreyfus, le Cartel des gauches, le Front populaire, la Libération, les gouvernements de Pierre Mendès France et de Guy Mollet, avant d’en arriver à la période qui a suivi l’élection de François Mitterrand en 1981. Celle qu’il a vécue au premier plan : militant socialiste, conseiller ministériel, chef de parti, président de la République.

L’ambition éditoriale du propos est aussi transparente que son actualité politique. Dès lors que l’ancien président prétend que la gauche ne redeviendra majoritaire en France que lorsque « les idées portées par la social-démocratie auront été capables de s’imposer », toute l’histoire qu’il relate cherche à démontrer l’impasse d’un choix ou d’un parti plus radical que le sien. Or, là, le problème est double, au point que M. Hollande paraît téméraire de s’engager dans une telle aventure. D’une part, un président sortant qui a renoncé à se représenter par crainte d’essuyer une défaite cinglante constitue un cas unique dans l’histoire déjà ancienne de la Ve République. Est-il par conséquent le plus qualifié pour nous indiquer la recette de la prochaine victoire de la gauche ? Surtout quand on se souvient que la candidate qu’il a soutenue lors de la dernière élection présidentielle, Mme Anne Hidalgo, n’a mobilisé que 1,75 % des suffrages exprimés.

D’autre part — et surtout —, l’histoire de la gauche française n’établit nullement ce que M. Hollande y recherche. Bien sûr, si l’on se tient à un niveau relativement primaire de marketing politique, on préfère en général « un réformisme ouvert » à « un étatisme plus fermé », « composer avec la réalité » plutôt que la « fuir », « coiffer le chapeau de la responsabilité » au lieu de « tomber à gauche la morale en bandoulière ». Mais ce type (…)

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