La colère populaire suscitée par la perspective de deux années de travail supplémentaires autant que par le passage en force de l’exécutif marque un tournant. Abîmé par des gouvernements s’étant fixé pour but le bonheur des actionnaires, le crédit accordé par la population au monde politique s’est effondré. N’a-t-il pas abdiqué sa mission au point de faire dépendre la vie de millions de travailleurs d’une décision du Conseil constitutionnel (lire « Du bon usage de la Constitution ») ? Quand le mépris des gens ordinaires tient lieu de boussole (lire « Un peuple debout, un pouvoir obstiné »), les dirigeants savent alimenter deux types de réactions : la résignation ou la révolte. Ils tablaient sur la première. Mais le désir de vivre une vie décente a ravivé chez les moins politisés la force de lutter (lire « « On fait avec ce qu’on a ! » »). Et même la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a redécouvert les vertus de la lutte (lire « Du dialogue social à l’épreuve de force »).