• sam. Sep 21st, 2024

contre l’abstention, ils passent 17 000 coups de fil en un jour


Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), reportage

« Bonjour, je suis bénévole pour faire gagner le Front populaire aux législatives. Auriez-vous quelques minutes pour discuter ? » Cette question résonne dans le vaste open space d’un immeuble de Saint-Denis. Écouteurs dans les oreilles, une quarantaine de personnes sont venues participer à un marathon d’appels pour convaincre les électrices et les électeurs de voter pour l’union des gauches lors des élections du 30 juin et du 7 juillet. Moyenne d’âge : 30 ans. À la fin de la journée — le 18 juin à 21 heures — ces bénévoles ont réussi à passer 17 000 coups de fil.

Cette opération a été lancée par Victoires populaires, nouvelle structure issue de la Primaire populaire, ainsi que l’association d’éducation Ghett’up et l’ONG Le mouvement. L’idée est de contacter les votants dans certaines circonscriptions clés, où la victoire de la gauche se jouera à quelques voix près.

Pour cela, les bénévoles du jour piochent dans le carnet d’adresses de l’ex-Primaire populaire : près de 400 000 personnes qui espéraient faire émerger une candidature unique à gauche lors de la dernière présidentielle. Sans succès.

« J’essaie de faire ce que je peux à mon échelle »

Cette fois, l’espoir est de retour. « Les blessures et rancœurs de 2022 ont été dépassées », a assuré Clément Pairot, ancien de la Primaire populaire. Ce spécialiste en mobilisation citoyenne, qui a notamment travaillé durant la campagne électorale du candidat de gauche Bernie Sanders aux États-Unis, donne des conseils aux militantes et militants du jour. « Si on sourit, ça s’entend au téléphone. Il faut être concis et surtout être à l’écoute. On demande aux gens ce qu’ils voudraient voir changer en cas de victoire. Cela les projette dans un avenir victorieux. »

L’outil sature face à l’engouement

Dans la salle, trois jeunes femmes installées face à leurs ordinateurs commencent les appels. L’ambiance est studieuse et fébrile. « J’ai peur de voir le Rassemblement national arriver au pouvoir et j’essaie de faire ce que je peux à mon échelle », explique Audrey. « Je me sentais impuissante en restant chez moi », dit Fanny. L’accueil des gens qu’elles contactent est plutôt positif. « Souvent, ils n’avaient pas pensé à prendre une procuration pour quelqu’un d’autre », précise Fanny, sa voisine.

Quelques bénévoles discutent en sirotant un café dans le coin cuisine, faute de pouvoir appeler des électrices et électeurs : l’outil sature face à l’engouement. Près de 150 bénévoles sont en ligne, en plus des 40 participants présents dans la salle. En tout, 1 600 personnes auraient déjà été formées depuis le début de la semaine. « Nous avons organisé une réunion le dimanche à 20 heures juste après la dissolution. Dès mardi, nous avions un premier accueil en ligne avec une centaine de personnes qui voulaient passer à l’action », explique Floraine Jullian, ancienne de la Primaire populaire.

Après une petite formation, les bénévoles se sont lancés dans des appels. À la fin de la journée, elles et ils auront passé environ 17 000 coups de fil.
© Laury-Anne Cholez / Reporterre

Pour s’aider, les bénévoles suivent un script avec comme objectif : inciter la personne à aller voter et à convaincre son entourage de le faire, participer aux opérations de phoning (appels) qui vont se poursuivre jusqu’au second tour et surtout, pousser à prendre des procurations. Pour ce faire, plusieurs solutions. D’abord, le site officiel du gouvernement. Victoires populaires dispose également de sa propre plateforme pour mettre en relation des électrices ou électeurs et ceux qui ne pourront pas aller voter. Un autre site, baptisé planprocu.fr, propose le même service. Seule différence : il a été fondé par des proches du parti d’Emmanuel Macron, comme l’explique Libération.

Des identités vérifiées pour les procurations

Ces derniers jours, des messages sur les réseaux sociaux alertaient sur le fait que ces deux plateformes pourraient être infiltrées par des militants du Rassemblement national. Un noyautage impossible sur la plateforme de Victoires populaires, selon Maxime, un bénévole. « On vérifie l’identité de chaque personne qui va prendre une procuration, en regardant, par exemple, ses publications sur les réseaux sociaux », assure-t-il.

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Il est à peine 11 heures et Clément exulte : « Nous avons déjà contacté près de 1 200 personnes. » Malgré quelques couacs techniques, la machine est lancée. Il reste encore dix jours pour convaincre et faire mentir les sondages. Le dernier en date donne le Rassemblement national victorieux, avec 34 % d’intentions de vote au premier tour, contre 22 % pour le Nouveau Front populaire.



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