Deux pharmaciens sanctionnés pour avoir vendu des médicaments à l’unité


Rendre des comptes pour avoir soigné, une chanson qui commence à se répéter… En Corrèze, deux pharmaciens ont été sanctionnés par l’Ordre régional pour avoir vendu des médicaments à l’unité, une pratique initiée dès 2019 face à la pénurie. Condamnés à six mois d’interdiction d’exercer, ils dénoncent une injustice, dans une lettre ouverte affichée en vitrine de leur pharmacie.

Entre droit et devoir, peut-on soigner mieux si cela veut dire enfreindre les règles ? C’est le dilemme auquel se heurtent Antoine Prioux et Eliza Castagné, pharmaciens dans deux villages de Corrèze. Leur faute : avoir vendu à l’unité des médicaments pour répondre à une pénurie nationale. Leur sanction : six mois d’interdiction d’exercer, prononcés par l’Ordre des pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine. Une décision jugée incompréhensible, voire choquante, par les intéressés. « Il y a eu des jugements beaucoup plus graves sur des affaires qui mettaient en risque la santé publique ou qui démontraient un enrichissement personnel. Ce n’est pas notre cas », s’indigne Antoine Prioux.

Leur initiative, née dès 2019 alors que les premières pénuries frappaient les pharmacies, visait à limiter le gaspillage et les risques liés à l’addiction. En accord avec certains médecins, ils ont commencé à délivrer des traitements à l’unité, comme de la prednisolone, un anti-inflammatoire essentiel. « Sauf qu’à l’époque, il n’y avait pas de texte », précise-t-il. Un cadre légal n’a vu le jour qu’en 2022. Autrement dit, ils ont anticipé une politique de bon sens… mais hors des clous réglementaires. Comme le rapporte France Télévisions, leurs lettres ouvertes affichées en officine ont trouvé écho dans la population locale, inquiète de voir leur accès au soin suspendu.

Pour Eliza Castagné, ce verdict révèle surtout un mal plus profond : « Aujourd’hui, plus les gens sont malades, plus on délivre de médicaments, plus on gagne notre vie, ce qui arrange aussi l’industrie pharmaceutique. » Un modèle de santé publique déséquilibré où le pragmatisme devient un délit. En attendant leur appel, les deux officines peuvent rester ouvertes. Mais la croix verte pourrait bien vaciller, et avec elle, une certaine idée du soin de proximité.





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