Considéré autrefois comme le champion européen de la fabrication de batteries lithium-ion, le suédois Northvolt se déclare en faillite. La société, fondée par deux anciens employés de Tesla, a demandé son placement sous la protection de la loi américaine sur les faillites, le “chapitre 11”. Son PDG, Peter Carlsson, a remis sa démission, a-t-on annoncé vendredi 22 novembre 2024.
Le Suédois est le cofondateur de Northvolt en 2016 avec Paolo Cerutti, les deux hommes viennent de Tesla. De 2020 à 2024, la société a multiplié les levées de fonds, la plus élevée est celle de 5 milliards de dollars en janvier de cette année. Après la première usine Northvolt Ett, qui a démarré en décembre 2021 à Skellefteå en Suède, cinq autres sites ont très vite vu le jour ou étaient en cours de réalisation en Pologne, en Allemagne et au Canada.
Investissements prématurés, 5,84 milliards de dollars de dettes
Le “champion européen” de la fabrication des batteries électriques, espoir du continent pour concurrencer les Chinois (CATL, BYD), les Américains ou encore les Coréens (LG), qui a aussi reçu des subventions de la part du gouvernement Scholz, entendait même maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur de la production de batteries, allant de l’extraction des matières premières au recyclage. Northvolt a engagé des investissements massifs ainsi que de nombreux partenariats, mais sa stratégie semblait prématurée.
La société suédoise a vite déchanté avec des difficultés financières importantes, provoquées entre autres par des retards significatifs de production, plombée par un marché des véhicules électriques moins dynamique que les prévisions et surtout, une concurrence asiatique féroce. Northvolt s’est ainsi retrouvée avec une dette colossale, des liquidités limitées, et dans l’obligation de restructurer ses activités.
La première restructuration intervient en septembre 2024. Celle-ci incluait le gel de projets d’expansion comme c’était le cas avec son usine à Skelleftea, l’abandon de certaines activités comme la production de cathodes, et la suppression de 1600 emplois sur 6500, notamment en Suède. Des partenaires comme BMW, pourtant actionnaire de Northvolt, avaient d’ailleurs annulé un contrat de 2 milliards d’euros l’été dernier.
Vendredi, le fabricant suédois de batteries pour véhicules électriques a annoncé avoir demandé son placement la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Ceci signifie qu’une entreprise en difficulté financière demande à bénéficier d’une procédure de faillite aux États-Unis qui lui permet de suspendre temporairement le paiement de ses dettes tout en continuant ses opérations. Selon la presse suédoise, la dette de Northvolt atteint 5,84 milliards de dollars. Or, le fabricant ne détiendrait plus que 30 millions de dollars de liquidités disponibles.
Son PDG, Peter Carlsson, a démissionné de son poste. “La demande de placement sous le chapitre 11 permet à l’entreprise de se réorganiser, de développer ses activités tout en respectant ses engagements envers ses clients et ses fournisseurs et, en fin de compte, de se positionner sur le long terme”, a-t-il rappelé. “C’est donc le bon moment pour moi de passer le relais à la prochaine génération de dirigeants”. Une nouvelle restructuration est lancée et le fabricant suédois espère l’achever d’ici la fin du premier trimestre 2025.
Vers de nouveaux actionnaires
Comptant Volkswagen (21%), Goldman Sachs (19%) et Vargas Holding parmi ses actionnaires, Northvolt ne parvenait pas à les convaincre d’une recapitalisation. Cette “situation désespérée” ne lui permettait pas de fonctionner pendant plus d’une semaine, explique le fabricant, qui a réussi à obtenir un autre financement de 100 millions de dollars de l’un de ses grands clients, le constructeur de poids lourds Scania, propriété de Volkswagen. Northvolt a aussi obtenu 145 millions de dollars de prêt garanti sur ses actifs.
« Le financement actuel va nous permettre de tenir jusqu’au début de l’année prochaine, et nous avons besoin de nous recapitaliser, mais je suis convaincu que nous serons en mesure de le faire », a ajouté Peter Carlsson. »Il est très possible que ceux qui financent aujourd’hui ce processus de restructuration fassent également partie de ce processus de recapitalisation », révèle-t-il.
Toutefois, le Canada ne prévoit plus d’investir dans le fabricant suédois, qui construisait une usine dans la province de Québec. Ce projet était d’ailleurs une des pierres angulaires des politiques industrielles et climatiques du Premier ministre, Justin Trudeau. « Nous ne pensons pas que le Québec et le gouvernement fédéral aient l’intention de donner plus d’argent à l’entreprise », a révélé la source à Reuters.
Northvolt a souligné que ses activités canadiennes et allemandes ne faisaient pas partie de la procédure de faillite.