L’interview ultime de Piotr Tolstoï par Xavier Moreau


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par Franck Pengam

Piotr Tolstoï, journaliste et homme politique russe, vice-président de la Douma, est un descendant du célèbre écrivain Léon Tolstoï. Longtemps animateur à la télévision publique russe, notamment sur la chaîne Pervy Kanal, il s’est illustré par un ton patriotique et des positions fermement pro-Kremlin. Très engagé dans la ligne dure du pouvoir, il défend ouvertement l’intervention en Ukraine et critique sévèrement l’Occident.

Xavier Moreau est un analyste français spécialisé dans les relations internationales. Diplômé de Saint-Cyr et ancien officier parachutiste, il est titulaire d’un DEA en relations internationales de Paris IV Sorbonne, où il s’est spécialisé dans les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide. Résidant en Russie depuis 24 ans, il dirige la société LinkIT Vostok. Installé à Moscou depuis de nombreuses années, il se consacre à la géopolitique russe et a fondé le centre d’analyse Stratpol. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont «Nouvelle Grande Russie» et «Pourquoi la Russie a gagné ?».

L’illusion des sanctions, la réalité du front

Vingt-cinq mille huit cents. C’est le nombre de sanctions que la Russie encaisse depuis le début du conflit en Ukraine. Le chiffre donne le vertige, mais sur le terrain, l’effet est tout autre. L’économie russe s’adapte, pivote, se renforce. Tandis que les Européens, eux, paient le prix fort. Inflation, récession industrielle, perte d’autonomie stratégique : les conséquences sont tangibles et durables. La guerre n’est pas que militaire, elle est économique, et dans ce domaine, la Russie encaisse tandis que l’Europe s’effondre sous le poids de ses propres décisions.

Le défilé du 9 mai symbolise cette résistance. Boycotté par les élites européennes, il incarne pourtant une mémoire vivante, celle du sacrifice contre le nazisme, que l’Occident préfère désormais effacer. Ce mépris occidental pour l’histoire russe nourrit un ressentiment profond. Dans cet entretien exclusif avec Piotr Tolstoï, le message est limpide : les Russes n’oublient rien. Et ils ne pardonnent pas l’arrogance de ceux qui imposent des ultimatums alors qu’ils reculent sur tous les fronts, diplomatiques comme militaires.

De Munich à Euromaïdan, la rupture est consommée

Le discours de Vladimir Poutine à Munich en 2007 n’était pas un avertissement, c’était un diagnostic. Il annonçait la fin d’un monde unipolaire, le rejet de l’hégémonie américaine, la volonté de souveraineté retrouvée. L’Occident n’a pas entendu. Pire, il a accéléré. En 2014, le coup d’État de Maïdan – soutenu ouvertement par Washington et ses relais européens – marque une ligne rouge. La Crimée en est la réponse. La diabolisation s’intensifie. Moscou devient l’ennemi officiel d’un Occident en quête d’un nouvel antagoniste pour ressouder ses alliances désuètes.

Depuis, l’Ukraine se transforme en avant-poste de l’OTAN. Bases militaires, livraisons d’armes, intégration rampante : la menace devient existentielle. L’opération militaire spéciale, déclenchée en février 2022, est une réponse stratégique à une agression hybride. La Russie ne cherche pas une guerre d’occupation, elle cherche une neutralisation. Tolstoï est clair : la Russie veut une Ukraine réellement indépendante, non alignée, désarmée de ses factions ultranationalistes. Et cette exigence n’est pas négociable.

La paix, version occidentale : une reddition déguisée

Trois ans après le lancement de l’opération, la situation est figée en apparence mais évolue en profondeur. L’Ukraine est exsangue. Les hommes manquent, les munitions aussi. L’armée russe, elle, avance méthodiquement. Dans ce contexte, les appels à un cessez-le-feu cachent mal leur véritable but : offrir un répit à Kiev pour se réarmer, relancer l’effort de guerre, imposer des conditions inacceptables à Moscou. Tolstoï dénonce cette hypocrisie frontale : il n’y aura de paix que lorsque l’Ukraine reconnaîtra sa défaite, qu’elle abandonnera ses rêves otaniens et qu’elle cessera d’être un proxy de Washington.

La médiation américaine n’est qu’une façade. L’objectif n’est pas la paix, mais la gestion budgétaire. Réduire les coûts sans perdre la face. Or, Moscou n’est plus dupe. Le seul dialogue possible est celui de la reddition ukrainienne. Et cette perspective n’effraie plus la Russie, elle la renforce. Tolstoï affirme que le peuple russe est préparé, mobilisé, résilient. Les sanctions n’ont fait que renforcer l’unité intérieure. Les regrets envers la France sont personnels, pas politiques : les liens entre les peuples perdurent, en dépit de gouvernements déconnectés.

Poutine reste maître du jeu. Vingt-cinq ans de pouvoir, une vision claire, une stratégie cohérente. L’avenir ? Il n’est peut-être plus dans les institutions, mais il reste central. Le message est net : la Russie d’aujourd’hui ne plie plus. Elle trace sa route, coûte que coûte, pour garantir à ses enfants un avenir hors de l’influence destructrice de l’Occident.

source : Géopolitique Profonde



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