Source Insolentiae
Comme vous le savez, dès que l’on râle sur l’état de la démocratie en France, le bien-pensant du camp du bien vous rétorque “tu n’as qu’à aller en Corée du Nord tu verras qu’on est mieux ici”, ce qui est un argument affligeant puisque vouloir une démocratie vivante, aboutie et fonctionnelle n’est tout de même pas une demande politique scandaleuse, surtout dans un pays comme la France.
A propos de Corée du Nord il est intéressant de voir déjà ce qui se passe en Corée du Sud… qui comme vous le savez, n’est, comme la France… pas la Corée du Nord !
Parce qu’en Corée du Sud, il y a quelques petites tensions politiques entre un président et son Assemblée nationale qui ressemble fortement et à s’y méprendre à une situation que nous connaitrions ici. Il y a même une petite musique qui commence à poindre… sur l’article 16 justement. Commençons par la Corée du Sud, avant d’évoquer la France, que j’aime à qualifier de Corée de l’Ouest pour faire braire tous les bien-pensants du camp du bien.
Le président Yoon Suk Yeol a fait cette déclaration extraordinaire après des mois d’impasse avec son opposition politique.
Source New-York Times ici.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a déclaré mardi la loi martiale d’urgence, accusant l’opposition de fomenter une « insurrection » et de « tenter de renverser la démocratie libre ».
C’est la première fois qu’un président sud-coréen déclare la loi martiale depuis la fin de la dictature militaire dans le pays à la fin des années 1980. M. Yoon, qui a été élu président en 2022, s’est trouvé dans une impasse politique quasi permanente avec l’opposition, qui contrôle le Parlement.
Dans un discours télévisé national mardi soir, M. Yoon a dénoncé l’opposition pour avoir utilisé à plusieurs reprises sa majorité à l’Assemblée nationale pour mettre en accusation des membres de son cabinet et bloquer l’adoption des plans budgétaires de son gouvernement.
Cela a « paralysé l’administration », a déclaré M. Yoon. « L’Assemblée nationale, qui aurait dû être le fondement de la démocratie libre, est devenue un monstre qui la détruit.
Les chaînes d’information sud-coréennes rediffusent toutes le discours du président, prononcé il y a environ une heure. On ne sait pas exactement ce que la loi martiale implique et ce qui changerait immédiatement en Corée du Sud. Mais les législateurs de l’opposition dénoncent déjà le président.
Mardi soir, Lee Jae-myung, le chef de l’opposition sud-coréenne, a demandé aux citoyens de se rassembler à l’Assemblée nationale, alors qu’il s’y rendait lui-même. « Il n’y a aucune raison de déclarer la loi martiale. Nous ne pouvons pas laisser faire !
Une Assemblée qui n’est pas d’accord n’est pas un danger pour la démocratie…
Elle est la démocratie même si cela déplait fortement au souverain des Palais de là-bas ou d’ici.
Si nous prenons le cas de la France. Qui est responsable du déficit et de la situation budgétaire de la France après l’avoir dirigé pendant 7 années ? Qui ?
Qui est responsable de la dissolution ? Qui ?
Qui est responsable de la création du “front républicain” pour empêcher le RN d’avoir une majorité, le barrage de castors junior ayant rendu le pays totalement bloqué, paralysé, et ingouvernable ? Qui ?
Qui pourrait-dire demain en cas de blocage et si la situation le lui permet que l’Assemblée nationale a “tué la démocratie” ? Qui ? Je me le demande bien !
Qui pourrait encore inverser les mots ?
Qui pourrait dire que la guerre c’est la paix.
Que mourir c’est vivre surtout si c’est vos gosses qui meurent dans les tranchées ukrainiennes puisque lui n’en a pas.
Qui pourrait vous dire que la censure c’est la liberté de pensée ?
Qui ?
On se demande bien n’est-ce pas.
Je ne crois pas un seul instant dans la psychologie de notre grande lumière du palais, de notre phare élyséen à la démission. Pas un seul instant. Il faudra qu’il y soit acculé.
Plus qu’une démission, ce serait une évasion d’un palais assiégé par une foule de gueux en furie.
D’ailleurs, la démission du président ne permettrait sans doute pas la dissolution de l’Assemblée Nationale toujours avant ce délai d’un an.
Le pays resterait donc bloqué tout pareil.
C’est exactement ce qu’a expliqué William Thay sur France Info en évoquant à la fin l’article 16 et son cortège de conséquences démocratiques.
Mais Macron, il ose tout, et c’est même à cela qu’on le reconnait.
Nous n’y sommes pas encore et encore une fois, il est nécessaire que le pays soit bloqué, le budget non voté, la loi spéciale invotable, les marchés paniqués, bref, il faut tout de même un contexte propice au déclenchement de la l’article 16, mais la tentation pourrait être grande pour la vedette, pour le Mozart de la dette, de s’octroyer les pleins pouvoirs, assouvissant ainsi son désir secret et refoulé de toute puissance, de puissance absolue.
Pour le moment, notre bon timonier guidant le peuple, va jouer au bâtisseur de cathédrale, va inaugurer Notre Dame de Paris, tourner en boucle sur les chaînes télé du pays, se félicitant du travail accompli par lui-même, des délais tenus etc…
Une fois la cathédrale rendue aux fidèles, la politique reprendra ses droits.
La France qui n’est pas encore la Corée du Nord est déjà devenue la Corée de l’Ouest, un pays où le PIB est à 57 % créé par la dépense publique, où la pression fiscale est la plus élevée de l’OCDE et où… l’on marche sur la dette.
Pour rappel, le dossier Stratégies du mois de novembre sur l’inévitable attaque des marchés est en ligne dans vos espaces lecteurs ici.
Pour vous abonner ou offrir un abonnement pour Noël… tous les renseignements sont ici.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
Tous les articles, la tribune libre et commentaires sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Les Moutons Enragés ne sauraient être tenus responsables de leur contenu ou orientation.