Les tensions entre la Pologne et la Russie ne sont pas près de se calmer. Une semaine après la fermeture du consulat général de Russie à Poznan (ouest), Moscou a annoncé jeudi 05 décembre avoir pris une mesure réciproque, visant le consulat général de Pologne à Saint-Pétersbourg. Une décision “attendue” et “prévisible” selon les termes de Varsovie, qui accuse son voisin de “tentatives de sabotage”, d’espionnage et de cyberattaques. La Russie a aussi déclaré trois diplomates “personæ non gratæ”.
Les tensions entre les deux pays ont atteint un nouveau pic depuis l’invasion de l’Ukraine. Fervent soutien de Kiev, membre aussi bien de l’UE que de l’OTAN, Varsovie sert de principal pays de transit pour les armements occidentaux livrés à l’Ukraine. En avril, la Pologne s’est même dit prête à accueillir l’arme nucléaire sur son territoire si l’alliance transatlantique décidait de renforcer son flanc Est face au déploiement par la Russie de nouvelles armes à Kaliningrad (exclave russe située au nord de la Pologne, NDLR) et au Bélarus voisin.
Moscou accusé de “sabotage”, Varsovie de “politique hostile”
Fin octobre dernier, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a annoncé la fermeture du consulat russe à Poznan, réitérant les accusations de “sabotage” et de “guerre hybride” contre Moscou. « J’ai des informations selon lesquelles la Russie est derrière les tentatives de sabotage en Pologne et dans des pays alliés. J’ai donc pris la décision de retirer au consulat de la Fédération de Russie l’autorisation d’opérer à Poznan », avait-il annoncé. La décision devait être effective dans les jours qui suivaient cette annonce, mais la fermeture de ce consulat n’est intervenue que fin novembre.
Moscou avait vite promis une “réponse douloureuse” à une mesure jugée “hostile ». Jeudi, le Kremlin a annoncé la fermeture du consulat de Pologne à Saint-Pétersbourg. En réponse à la fermeture, le 30 novembre (…) du consulat général de la Russie à Poznan, la partie russe retire à partir du 10 janvier 2025 son consentement au fonctionnement du consulat général de Pologne à Saint-Pétersbourg”, a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
En outre, trois diplomates polonais ont été déclarés “personae non gratae” et devront également quitter la Russie.
La Pologne a commenté la réaction russe. Pour le gouvernement Tusk, cette annonce a été accueillie avec “dignité et indifférence” car la mesure était “prévisible”. Toutefois, les justifications de la diplomatie russe ne passent pas. “La Russie n’a pas le droit de renchérir à la fermeture du consulat russe à Poznan qui était une réponse à des actes de sabotage en Pologne et dans certains pays alliés”, a martelé Radoslaw Sikorski.
Des actes, selon lui, “qui s’apparentent à des crimes qui, grâce à d’heureuses coïncidences, n’ont pas encore fait de victimes. Mais tout le monde sait à quoi s’en tenir avec la Russie”, a-t-il ajouté. La diplomatie polonaise se dit même prête à fermer tous les consulats russes en Pologne si des actes de « terrorisme » se poursuivaient.
Tusk veut réunir les pays baltes contre Moscou
Par “tentatives de sabotages”, Varsovie fait référence à l’arrestation ou la condamnation sur son territoire de nombreuses personnes, de diverses nationalités, accusées d’avoir mené des actes pour le compte des services de renseignements russes.
Il est question de passages à tabac, d’incendies ou de tentatives d’incendies criminels, de préparer le déraillement d’un train transportant de l’aide à l’Ukraine ou encore l’observation des installations militaires et des infrastructures critiques dans ce pays membre de l’OTAN.
La Pologne, qui aspire sous le Premier ministre Tusk à devenir un poids lourd en Europe, a d’ailleurs souvent été le premier à réagir aux avancées russes sur le front ukrainien, mobilisant “toutes les forces et ressources disponibles”, aussi bien ses soldats au sol que ses avions de chasse dans les airs.
Invité pour la première fois du forum NB8, qui regroupe les pays baltes et scandinaves, Donald Tusk a appelé la semaine dernière les États voisins à faire bloc contre Moscou, à se rapprocher des États-Unis et de renforcer la défense européenne.
Les tensions diplomatiques entre la Pologne et la Russie rappellent les mesures diplomatiques similaires prises durant l’été 2023 contre Helsinki, lorsque, le ministère russe des Affaires étrangères déclarait neuf employés de l’ambassade de la Finlande et de son consulat à Saint-Pétersbourg personae non gratae, annonçant la résiliation, dès octobre 2023, de l’accord permettant le fonctionnement de ces deux représentations diplomatiques.