Ruée mondiale vers l’or, par Tristan Coloma (Le Monde diplomatique, mars 2025)


Un étalon des tensions géopolitiques

En un quart de siècle, les cours du métal jaune ont été multipliés par dix. Si le caractère erratique des marchés financiers empêche d’exclure une baisse prochaine de l’once, les achats massifs des banques centrales, notamment celles des pays du Sud, soutiennent les prix. Avec, en toile de fond, la perspective d’un déclin du dollar américain.

À la mi-février, les acteurs du marché mondial de l’or s’interrogent. Le cours de l’once (31,104 grammes), qui oscille alors autour de 2 800 dollars (2 685 euros), va-t-il brutalement décrocher ou bien, au contraire, passera-t-il enfin le seuil symbolique des 3 000 dollars ? Pour qui veut spéculer ou protéger son épargne, formuler une réponse nécessite comme toujours de convoquer les mêmes facteurs d’évaluation. La situation géopolitique se dégrade-t-elle depuis le retour de M. Donald Trump à la présidence des États-Unis (facteur haussier) ? La valeur du dollar augmente-t-elle (facteur baissier) ? M. Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed), prépare-t-il une hausse des taux d’intérêt (facteur baissier) ? Il faut rappeler que le métal jaune ne valait que 1 947 dollars l’once il y a un an, avant de connaître une hausse de 44 %. En réalité, au-delà des augures du marché, c’est l’enjeu mondial que représente la « relique barbare », dénoncée en son temps par l’économiste John Maynard Keynes, qu’il faut désormais considérer.

Traditionnellement, le métal précieux a toujours fait figure de valeur refuge dans un contexte mondial instable ou une conjoncture boursière turbulente. Au début des années 2000, par exemple, l’once stagne autour de 280 dollars. On ne parle alors que de « nouvelle économie » et les sociétés « point.com » flambent en Bourse. Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis inversent la donne. Au fil des guerres (Afghanistan, Irak) et des attentats, l’or bat record sur record pour atteindre ses niveaux actuels. Toutefois, ces dernières années, son cours semble s’être peu à peu déconnecté des facteurs qui pouvaient affecter son marché, qu’il s’agisse des taux d’intérêt, du niveau de l’inflation ou de la valeur du billet vert. Même la situation géopolitique apparaît moins décisive. Ainsi, les affrontements entre l’Iran et Israël — pourtant un prélude possible à une guerre d’envergure au Proche-Orient — n’ont pas fait atteindre de nouveaux sommets à l’once.

Désormais, la vitalité de cette valeur et (…)

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