Attendez-vous à savoir que la Chine est un ennemi puissant qui nous menace de multiples façons, et qu’elle mérite donc d’être dénoncée, qu’il est temps de retrouver les accents anciens du Péril Jaune ! Les ignominies de Pékin vis-à-vis du Tibet, du Xinjiang, de Taiwan vont vous être martelées avec force comme autant d’évidences. Attendez vous à savoir que la République Populaire de Chine a des ambitions territoriales démesurées, à commencer par ses prétentions visant la Mer de Chine (oui, vous lisez bien « mer de Chine »). Bien sûr nulle propagande dans tout cela.
Certains esprits critiques que les bobards rebutent (on les nomme parfois « mauvais esprits ») auront peut-être le désir d’aller au-delà du prêche convenu, de s’informer mieux, par exemple en faisant un peu d’histoire-géo… Pour les aider et guider leurs recherches, voici quelques notes et notules.
Rappel préalable : dans le communiqué de Shanghai de 1972, les Etats-Unis ont reconnu que « les Chinois des deux côtés du détroit de Taiwan s’accordent à dire qu’il n’existe qu’une seule Chine, que Taiwan fait partie de la Chine et que les Etats Unis ne contestent pas cette position. »
Les États-Unis reconnaissent formellement que « tous les Chinois de part et d’autre du détroit de Taïwan soutiennent qu’il n’y a qu’une seule Chine ». L’utilisation du mot « reconnaître » plutôt qu’« accepter » est souvent citée comme un exemple de la position ambiguë des États-Unis concernant l’avenir de Taïwan. La traduction chinoise convenue rend « reconnaît » par cheng ren (承认), qui connote la reconnaissance et l’acceptation.
Mer de Chine Méridionale
La revendication de la RPC sur la mer de chine méridionale (MCM) : le Premier ministre chinois Zhou En lai a déclaré la souveraineté de la RPC sur la MCM dès Août 1951, héritant des revendications territoriales antérieures de la République de Chine (RdC) .
La Chine a occupé l’île de Yongxing dans les Paracels en 1950 après l’évacuation des troupes nationalistes. En 1974 les forces chinoises ont occupé les autres îles de l’archipel détenues par le Sud Vietnam qui s’effondrait.
Toutes les revendications de la République Populaire ont été héritées de la République de Chine : en 1935 le gouvernement chinois a déclaré sa souveraineté sur 132 îles de la Mer de Chine méridionale.
En 1945, conformément aux déclarations du Caire et de Potsdam, avec l’aide des Etats-Unis, le gouvernement de la République de Chine a accepté la reddition des troupes japonaises à Taiwan incluant les Paracels et les Spratleys. Les deux archipels sont rattachés à la province du Guangdong. En 1946, des garnisons sont établies sur les deux îles Yongxing (Paracels) et Taiping (Spratleys).En 1947 le gouvernement chinois publie une carte en forme de U (onze tirets) englobant l’ensemble de mer de Chine méridionale.
Aux yeux des Chinois les îles Spratleys et Paracels font partie du territoire chinois, elles ont été volées quelques mois avant l’invasion de Hainan en 1939 par les Japonais. En vertu du traité de Paix signé le 28 avril 1952 les îles Spratleys et Paracels ont été restituées à la République de Chine.
De 1969 à 1971 les Etats-Unis ont exploité une station radar dans les Spratleys (île de Taiping) sous le drapeau de la République de Chine.
En 1992 le Congrès chinois a promulgué une loi reprenant les revendications de la Chine Populaire sur Dongsha (île Pratas), Xisha (dans les Paracels), Zhongsha (banc macclesfield), Nansha (dans les Spratleys). Mais la RPC n’a pas entamé alors la recherche de pétrole ni d’autres ressources alors que la Malaisie et le Vietnam l’ont fait. Les Philippines ont entamé la politique du fait accompli en 1978 (la revendication des Philippines ne date que du milieu des années 1970), le Vietnam en 1982 et la Malaisie en 1983. C’est en 1988 que la Chine intervient pour stopper l’expansion des explorations vietnamiennes. Mais jusqu’à présent, la RPC n’a pas élevé la Mer de Chine méridionale au rang « d’intérêt fondamental ».
28 Avril 1952 : Le Traité de paix sino-japonais de 1952 dit Traité de Taipei
Traité de paix sino-japonais de 1952 : fin de la guerre, renonciation territoriale du Japon, impact sur le statut de Taïwan et diplomatie.
Après la Seconde Guerre mondiale, les relations entre la République de Chine (Taïwan) et le Japon ont nécessité une clarification diplomatique pour mettre un terme officiel à leur état de guerre. Le Traité de paix sino-japonais, signé le 28 avril 1952 à Taipei, marque un moment clé dans l’histoire des relations internationales en Asie de l’Est. Ce traité, souvent appelé le Traité de Taipei (中日和約), a joué un rôle fondamental dans la reconnaissance des nouvelles réalités géopolitiques de la région.
Une paix officiellement scellée
La signature du Traité de Taipei est une conséquence directe du Traité de San Francisco signé en 1951, dans lequel le Japon acceptait de renoncer à ses droits sur plusieurs territoires, dont Taïwan et les îles Pescadores (澎湖群島). Toutefois, la République de Chine (ROC) n’avait pas été invitée à participer à cet accord, en raison de la reconnaissance internationale croissante de la République populaire de Chine (RPC). Il devenait donc crucial pour Taïwan de signer un traité bilatéral avec le Japon afin d’établir une base juridique claire pour leurs relations futures.
Signé entre le ministre des Affaires étrangères de la République de Chine qui se trouve alors à Taïwan, Yeh Kung-chao (葉公超), et son homologue japonais Okazaki Katsuo (岡崎勝男), le traité a mis fin à l’état de guerre entre les deux nations et a établi des engagements en matière de coopération économique et diplomatique.
Il est important de noter qu’à ce moment là la République de Chine (retirée à Taïwan après la défaite) représentée par Tchang Kaï-check et la République Populaire de Chine (sur le continent) représentée par Mao Zedong se dispute la souveraineté sur la « République de Chine ». Le traité est signé avec les Japonais par la République de Chine représenté par Tchang Kaï-check.
Les principales dispositions du traité
Le Traité sino-japonais comprend 14 articles, dont certains revêtent une importance particulière :
• La fin de l’état de guerre : l’article 1 déclare officiellement la cessation de l’hostilité entre la République de Chine et le Japon, permettant ainsi le rétablissement de relations pacifiques.
• La renonciation aux territoires : selon l’article 2, le Japon confirme qu’il renonce à tous ses droits sur Taïwan, les îles Pescadores, les îles Spratleys et Paracels. Cette clause s’aligne sur l’article 2 du Traité de San Francisco, mais elle ne précise pas à quel pays ces territoires doivent être rattachés, car le traité précise que les territoires seront rendus suite à la décision des populations locales. En somme par un referendum, qui n’a jamais eu lieu à Taïwan. Cette omission dans le traité alimente ainsi les débats sur le statut juridique de Taïwan.
• L’annulation des anciens traités : l’article 4 stipule que tous les accords sino-japonais signés avant 1941 sont annulés en raison des conséquences de la guerre, mettant ainsi fin aux accords inégaux conclus durant la période impérialiste.
• La question de la nationalité : l’article 10 précise que les résidents de Taïwan et des Pescadores sont considérés comme ayant la nationalité chinoise selon les lois en vigueur de la République de Chine, sans mentionner explicitement leur statut définitif. En effet Tchang Kaï-check a pendant longtemps pensé qu’il reviendrait sur le continent et que les habitants de Taïwan étaient avant tout chinois.
Le 4 septembre 1958 Zhou Enlai déclare que les archipels Spratleys et Paracels sont inclus dans les eaux territoriales de la RPC. Phan Van Dong, représentant la République Démocratique du Vietnam adresse une note diplomatique « Nous tenons à vous informer que le gouvernement de la RDV a pris note de la déclaration du 4 septembre et l’a soutenue. »
Traité de Paris 1898 – Traité de Washington 1900 – Convention EU – Grande Bretagne 1930 fixent la limite territoriale occidentale : elle est déteminée à 118 degrés de longitude Est. Spratleys, Paracels Pratas, Zhongsha, Huangyan Dao, sont tous situées à l’ouest de cette longitude. C’est le président Marcos qui annexe les Spratleys le 11 juin 1978 sous prétexte qu’il s’agirait d’une terra nullius.
Jusqu’aux années 1930, le conflit sur les Spartleyx et les Paracels était principalement une affaire Franco – Japonaise avec une Chine faible et déchirée comme tierce partie. En 1933 les Philippines ont voulu annexer les Spratleys, les Etats-Unis ont alors rappelé les termes de l’article III du traité de 1898. De 1945 à 1956 le conflit oppose la France et les deux régimes chinois.
Après la reddition du Japon, les troupes de Tchang Kaï-check aidées par des navires de guerre américains ont parcouru l’ensemble de la mer de Chine méridionale. Ils ont enregistré toutes les îles et tous les îlots sous un nom chinois et établi une garnison sur Taiping, la seule île alors habitable. C’est à ce moment que la ligne à onze tirets a été tracée avec l’aide de la marine américaine. La revendication « à onze traits » a été formulée et imprimée sur une carte de la République de Chine en 1947.
La revendication de la République Populaire de Chine sur la mer de Chine méridionale chevauche celle de la République de Chin, mais elle est plus étroite (9 traits)
Le traité sino-français du Tonkin, 26 juin 1887, convient que les îles à l’est de la ligne de délimitation sont toutes attribuées à la Chine
Traité sino-français du Tonkin, 26 juin 1887
Dans le Guangdong, il est convenu que les points contestés situés à l’est et au nord-est de Mangjie [Monkai], au-delà de la frontière fixée par la commission de délimitation, sont attribués à la Chine. Les îles situées à l’est du méridien de 105° 43’ de longitude à l’est de Paris, c’est-à-dire de la ligne nord-sud passant par la pointe orientale de l’île de Chagu [Tch’a-Kou ou Ouan-chan (Tra-co)] et formant la frontière, sont également attribuées à la Chine.
Dans le traité de Paris de 1898, l’Espagne transfère les Philippines aux Etats-Unis. L’article III du traité décrit la limite ouest des Philippines à 118 degrés de longitude est. Les revendications chinoises sont situées à l’ouest de cette limite.
Espagne, États-Unis
Traité de Paix ; signé à Paris, le 10 décembre 1898
Art. I. Spain relinquishes ali claim of sovereignty over and title to Cuba. And as the island is, upon its evacuation by Spain, to be occupied by the United States, the United States will, so long as such occupation shall last, assume and discharge the obligations that may under international law result from the facts of its Occupation, for the protection of live and property.
II. Spain cedes to the United States the Island of Porto Rico and other islands now under Spanish sovercignty in the West Indies. and the Island of Guam in the Marianas or Ladrones
III. Spain cedes to the United States the archipelago known as the Philippine Islands, and comprehending the islands lying within the following line :
A line running from west to east along or near the 20th parallel of north latitude, and through the middle of the navigable channel of Bachi, from the 118th to the 127th degree meridian of longitude east of Greenwich, thence along the 127th degree meridian of longitude east of Greenwich to the parallel of 4° 45’ north latitude, thence along the parallel of 4° 45’ north latitude to its intersection with the meridian of longitude 119° 35’
east of Greenwich, thence along the meridian of longitude 119° 35’ east of Greenwich to the parallel of latitude 7° 40’ north, thence along the parallel of latitude 7° 40’ north to its intersection with the 116th degree meridian of longitude est of Greenwich, thence by a direct line to the iutersection of the 10th degree parallel of north latitude with the 118th degree meridian of longitude east of Greenwich to the point of beginning.
Art. I. L’Espagne renonce à toute revendication de souveraineté et de titre sur Cuba. Et comme l’île, après son évacuation par l’Espagne, sera occupée par les États-Unis, les États-Unis assumeront et rempliront, tant que durera cette occupation, les obligations qui peuvent résulter, en vertu du droit international, des faits de leur occupation, pour la protection de la vie et de la propriété.
II. L’Espagne cède aux États-Unis l’île de Porto Rico et d’autres îles actuellement sous souveraineté espagnole dans les Antilles, ainsi que l’île de Guam dans les Mariannes ou Ladrones.
III. L’Espagne cède aux États-Unis l’archipel connu sous le nom d’îles Philippines et comprenant les îles situées en deçà de la ligne suivante :
Une ligne allant de l’ouest vers l’est le long ou près du 20e parallèle de latitude nord, et passant par le milieu du chenal navigable de Bachi, du 118e au 127e méridien de longitude à l’est de Greenwich, puis le long du 127e méridien de longitude à l’est de Greenwich jusqu’au parallèle de 4° 45’ de latitude nord, jusqu’à son intersection avec le méridien de longitude 119° 35’ à l’est de Greenwich ; de là, le long du méridien de longitude 119° 35’ à l’est de Greenwich jusqu’au parallèle de latitude 7° 40’ nord, de là, le long du parallèle de latitude 7° 40’ nord jusqu’à son intersection avec le 116e méridien de longitude est de Greenwich, de là, en ligne directe, jusqu’à l’intersection du 10e parallèle de latitude nord et du 118e méridien de longitude est de Greenwich, et de là, le long du 118e méridien de longitude est de Greenwich jusqu’au point de départ.