La gauche accuse lundi François Bayrou de « trahison » en fermant la porte à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans et lui demande de laisser travailler le « conclave » sur la réforme entre les partenaires sociaux.
« Le gouvernement doit laisser les partenaires sociaux travailler et le Parlement, ensuite, légiférer. À la brutalité sociale de la réforme, la brutalité démocratique de son adoption, François Bayrou compte-t-il ajouter la brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite ? », a fustigé le chef des députés socialistes Boris Vallaud sur X.
François Bayrou « se trompe complètement et tue un espoir de revenir à de la discussion, au respect des organisations syndicales, du monde économique, des acteurs qui font la démocratie », a renchéri la maire de Paris, Anne Hidalgo sur RTL.
Pour François Ruffin, ex-LFI qui siège au groupe écologiste, les déclarations de M. Bayrou sont « à l’évidence » un motif de censure du gouvernement. « A la fin, il faut qu’il y ait un vote de l’Assemblée qui dise vers quel modèle de retraite on veut aller », a-t-il plaidé sur France 2.
Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne et confié aux partenaires sociaux la tâche de parvenir à un nouvel accord. Interrogé dimanche sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre, tout en redisant sa confiance dans la démocratie sociale, a répondu « non ».
« Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire +voilà l’âge pour tout le monde+, je ne crois pas que ce soit la seule piste », a-t-il dit.
Si le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a rappelé ensuite que c’était « aux partenaires sociaux de décider », la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin est allée dans le sens de M. Bayrou en estimant lundi « pas réaliste » les 62 ans dans le cadre de l’objectif fixé par le gouvernement d’un retour à l’équilibre financier en 2030.
Vendredi dernier, l’ancien Premier ministre Edouard Philippe qui se veut présidentiable et le clame à tout-va, avait lui jugé sans ambages le conclave des partenaires sociaux « complètement hors-sol » au regard de la nouvelle donne internationale et de la volonté du gouvernement d’augmenter les dépenses militaires. Les vieux n’ont qu’à bien se tenir, place aux jeunes chairs à canon.
François Bayrou court-t-il à sa fin ou retournera-t-il sa veste une fois encore ?