« Se taire sur un sujet, pour la commission d’enquête comme pour le citoyen qui nous regarde, peut signifier que votre groupe a d’autres choses à cacher, qui n’auraient pas été révélées », a souligné le sénateur Les Républicains Laurent Burgoa, qui préside la commission d’enquête.
Un risque de parjure, sanctionné jusqu’à 5 ans d’emprisonnement
Au-delà de la grande déception que suscite le silence de la PDG pour les sénateurs, son choix de ne pas répondre à certaines questions pourrait avoir de lourdes conséquences. « Tout mensonge, y compris par omission, est constitutif d’un parjure sanctionné pénalement », a ainsi mis en garde Laurent Burgoa. Une sanction qui s’élève à 75 000 euros d’amende et jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Le « refus de déposer » devant une commission d’enquête, qui pourrait également être invoqué par les sénateurs, est quant à lui passible de deux ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.
Malgré ce risque, Muriel Lienau a maintenu sa position et refusé de divulguer les noms des membres du groupe qui l’ont informée de l’existence de traitements illégaux. « Je maintiens ma position », a-t-elle rétorqué, alors que le président de la commission d’enquête lui proposait de divulguer ces noms par écrit, pour préserver l’anonymat des personnes citées. « Il faudra que j’aille voir le président du Sénat, pour en tirer toutes les conséquences », a indiqué Laurent Burgoa.
« Nestlé Waters a cette culture de l’opacité la plus absolue »
À l’issue de l’audition, au micro de Public Sénat, le rapporteur de la commission d’enquête Alexandre Ouizille s’est montré très en colère : « Nestlé Waters a cette culture de l’opacité la plus absolue. Si on refait tout le film, nous sommes face à des gens qui nous ont dit que notre commission d’enquête était illégitime, ils nous ont écrit à plusieurs reprises pour nous dire qu’on n’avait pas lieu d’être ! »
Le sénateur socialiste va même plus loin, estimant que le silence de Muriel Lienau pourrait être le fruit d’un accord passé au sein du groupe, pour protéger les véritables responsables des pratiques illégales : « Il y a une question que je me pose, un peu brutalement. C’est quoi le prix pour accepter d’endosser le risque pénal de tout le monde ? C’est quoi le prix pour être un fusible ? Comment on accepte d’endosser ce rôle, d’être celle qui va faire l’omerta sur tout le reste ? »
De son côté, la PDG du groupe a assuré vouloir garder le silence sur le conseil de ses avocats. « Nous avons déjà soulevé la proximité entre les travaux de la commission d’enquête et une affaire judiciaire en cours. Mes conseils juridiques me confirment que je ne peux pas répondre, vu cette proximité », a-t-elle expliqué. Nestlé Waters est, en effet, visé par une enquête pour « tromperie », ouverte par le tribunal de Paris le 13 février dernier. Ces poursuites n’empêchent pourtant pas formellement Muriel Lienau de s’exprimer devant les sénateurs, les propos tenus devant une commission d’enquête ne pouvant pas être retenus devant la justice.