Les Roumains entre deux autoritarismes, par Florentin Cassonnet (Le Monde diplomatique, mai 2025)


Une révolte contre l’Union européenne

L’annulation du premier tour du scrutin présidentiel du 6 décembre dernier, remporté par le candidat d’extrême droite Călin Georgescu, ne semble pas en mesure d’endiguer la montée fulgurante de ce courant politique en Roumanie. De nombreux électeurs aspirent à changer le système en sanctionnant les partis proeuropéens, qui s’accrochent au pouvoir par tous les moyens.

JPEG - 93.8 ko

Andrei Pungovschi. — Manifestation en faveur de M. Călin Georgescu, Bucarest, 2025

© Andrei Pungovschi / Getty Images via AFP

Avant de rejoindre la mer Noire, le plus grand fleuve d’Europe bute sur ses alluvions et déambule dans un vaste delta. À Tulcea, ville la plus orientale de Roumanie, le Danube se divise en trois bras. Celui de Chilia marque la frontière avec l’Ukraine. D’immenses zones naturelles s’observent à perte de vue depuis la colline du Monument des héros : on y célèbre la « bravoure du peuple roumain dans la guerre de libération de la domination ottomane », la guerre russo-turque de 1877-1878 qui déboucha sur l’indépendance du pays.

À l’horizon, ça fume. Des volutes blanches sortent des cheminées d’une usine locale, l’une des rares à n’avoir pas encore fermé. D’autres volutes, grises cette fois, émanent d’un terrain vague où des habitants font brûler divers déchets. De plus sombres encore s’élèvent au-delà de la frontière ukrainienne. La guerre n’est pas loin : divers débris de drones sont déjà tombés en territoire roumain. Plusieurs fois par semaine, les habitants de Tulcea reçoivent en pleine nuit une alerte sonore stridente. Leur téléphone les prévient d’un « risque de chute d’objets du ciel ».

« C’est stressant », confie M. Marius Tudorie. Corps musclé et barbe soigneusement taillée, cet ingénieur de 49 ans travaille depuis dix-sept ans pour le chantier naval de la ville. Il est aussi le vice-président de la branche locale de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR, extrême droite) et l’un des six nouveaux élus de ce parti au conseil régional. Après avoir milité pour l’Alliance des libéraux et démocrates (ALDE), il a rejoint en 2020 le parti de M. George Simion, en tête des sondages pour l’élection présidentielle prévue les 4 et 18 mai. Il y a cinq ans, l’AUR faisait une entrée fracassante au Parlement roumain en obtenant 33 sièges, sur 330. Aux élections législatives de décembre dernier, ce parti ultranationaliste à tendance fascisante a doublé son nombre de députés, dans un hémicycle qui compte désormais deux autres formations d’extrême droite : SOS Roumanie de Mme Diana (…)

Taille de l’article complet : 2 622 mots.

Cet article est réservé aux abonnés

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *