Népal en crise : quand la privation de droits fait basculer une nation… Une leçon à tirer ?


Le Népal traverse l’une des plus graves crises politiques et sociales de son histoire récente. Depuis quelques jours, la capitale Katmandou vit sous couvre-feu militaire, l’aéroport international est fermé, et des milliers de prisonniers se sont évadés après des attaques coordonnées contre plusieurs établissements pénitentiaires.

À l’origine de cette flambée : la décision du gouvernement de bannir 26 réseaux sociaux, décision perçue comme une tentative de museler une jeunesse exaspérée par la corruption, le népotisme et l’absence d’avenir économique. Les manifestations menées par la “Gen Z” ont rapidement dégénéré : bâtiments publics incendiés, Parlement en flammes, résidences de dirigeants attaquées, affrontements meurtriers avec les forces de l’ordre. Le Premier ministre K.P. Sharma Oli a dû présenter sa démission, incapable de contenir la colère populaire.

Le Népal n’est pas un pays où la contestation se traduit habituellement par la violence. Pourtant, face à une accumulation de frustrations et à la privation brutale d’un espace d’expression – les réseaux sociaux étant devenus la voix des jeunes générations – même une société perçue comme pacifiste bascule dans le chaos. Trop de pression, trop longtemps, peut transformer une colère contenue en déferlante incontrôlable.

Une leçon… ? Ce qui se joue à Katmandou résonne bien au-delà de l’Himalaya. Car si la France n’est pas le Népal, elle traverse néanmoins un moment de tensions croissantes. Entre contestations sociales récurrentes, défiance vis-à-vis des institutions, sentiment de ne plus être entendus, et décalage de plus en plus important entre les politiques et la population, consciente d’un monde à deux vitesses. Bon nombre de Français pourraient être amenés à exprimer un ras-le-bol résonnant avec certains échos népalais.

Les Gilets jaunes ont déjà ouvert la voie, montrant jusqu’où pouvait aller une population se sentant privée de droits et de dignité, ils ont été réprimés dans la violence, laissant néanmoins quelques braises sous-jacentes. Aujourd’hui encore, des débats sur la liberté d’expression, l’usage des outils numériques, ou la place de la jeunesse dans la société, réveillent les mêmes questions encore plus largement : qu’arrive-t-il à une démocratie quand ses citoyens ont l’impression que leur voix n’a plus d’échos ?

L’expérience népalaise nous rappelle que la liberté d’expression et l’accès aux moyens de communication ne sont pas que “conforts démocratiques”, mais plutôt des soupapes de sécurité. Les supprimer, les censurer, ou les restreindre, même au nom d’un quelconque ordre public, c’est risquer l’explosion sociale. Et dans ce contexte où la défiance grandit, ici même en France, le parallèle interroge : jusqu’où notre société peut-elle tolérer la frustration accumulée sans basculer elle aussi dans la violence ? 

Et finalement, cette violence ne serait-elle pas une nécessité politique pour passer à un autre stade ?





Source link

Un commentaire sur « Népal en crise : quand la privation de droits fait basculer une nation… Une leçon à tirer ? »

  1. Ce texte explique bien comment la frustration peut monter si on ne lui donne pas accès à lexpression. Le parallèle Népal-France est pertinent, mais je doute que la violence soit la seule réponse. Il faudrait peut-être plus découte et moins de répression.

Répondre à zorse Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *