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Puisque l’Inde n’est pas la Chine, par Renaud Lambert (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 16, 2024


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Dhruvi Acharya. — « Mother Earth 3 » (Terre mère 3), 2021

Imagine-t-on Washington découvrant que Pékin projette d’assassiner des opposants sur son territoire sans que l’affaire produise davantage que quelques vaguelettes diplomatiques ? C’est ce qui vient de se produire avec New Delhi. En novembre dernier, le ministère de la justice américain met au jour une opération des services secrets indiens visant à éliminer des opposants sikhs aux États-Unis et au Canada. Réaction du président Joseph Biden à la découverte ? Il se contente de décliner l’invitation de M. Narendra Modi à célébrer le jour de la République avec lui, le 26 janvier, en se gardant de détailler publiquement ses motivations. La proposition indienne dégringole dans la hiérarchie des capitales du « monde libre » pour atterrir sur le bureau du président français Emmanuel Macron. Lequel s’empresse d’accepter, et d’apporter l’assurance que la contrariété occidentale sera de courte durée.

L’« ordre international fondé sur des règles », celui dont se prévaut le Nord pour imposer ses préférences, se montre ainsi d’une singulière souplesse. Certains pays jouissent d’une forme de blanc-seing dont on peine à imaginer l’élargissement au reste du monde. Géant asiatique, l’Inde dispose en effet d’un atout géopolitique considérable : elle n’est pas la Chine. Or, dans le bras de fer qui l’oppose à Pékin, Washington compte sur New Delhi pour jouer le rôle de contrepoids économique et diplomatique à l’essor de l’empire du Milieu. Ce qui rend l’Occident très compréhensif.

M. Modi a longtemps été privé de visa par les États-Unis et l’Europe du fait de sa responsabilité dans le massacre antimusulman de 2002 au Gujarat. Ministre en chef de l’État, il avait interdit à la police de réfréner les foules hindoues dont la violence, aiguillonnée par des courants suprémacistes, s’abattait alors sur la population musulmane. L’épisode provoqua la mort de plus de deux mille personnes au sein de cette communauté et le déplacement forcé de milliers d’autres. Il annonçait la politique que M. Modi poursuivrait tout au long de sa carrière (…)

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