• jeu. Mai 2nd, 2024

L’essor de l’extrême droite portugaise, par Sandra Monteiro (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 18, 2024


Cinquante ans après la « révolution des œillets »

Depuis huit ans au pouvoir, le Parti socialiste a perdu les élections au Portugal. Si aucune force n’obtient la majorité absolue, la coalition de droite remporte le plus de sièges. Son chef de file, M. Luís Montenegro, prend donc la tête d’un gouvernement minoritaire au Parlement, sans pour l’instant s’allier avec l’extrême droite en forte progression. Mais pourquoi cette percée et la fin de l’exception portugaise ?

Le 25 avril, le Portugal fêtera le cinquantième anniversaire de la revolução dos cravos révolution des œillets »). Mais le 10 mars, un parti d’extrême droite est devenu la troisième force politique du pays. Chega (« Ça suffit ») passe en effet de 7,15 % des suffrages exprimés aux législatives de 2022 à près de 18,07 % et quadruple son nombre de députés, de 12 à 50. À l’issue d’un scrutin marqué par une hausse de la participation (59,84 %, soit le taux le plus haut depuis 2005), c’est l’Alliance démocratique, une coalition de partis de la droite traditionnelle conduite par le Parti social-démocrate (PSD), qui l’emporte avec 28,85 % des voix et 80 députés. Loin des 116 sièges de la majorité absolue. En 2022, le Parti socialiste l’avait obtenue seul ; il plafonne cette fois à 28 %, et 78 députés. Ses dirigeants ont déclaré figurer désormais « dans l’opposition » et fermé la porte à un éventuel accord de gouvernement avec la droite.

Un demi-siècle après la chute de la dictature fasciste d’António de Oliveira Salazar et de Marcello Caetano, un électeur sur six a donc voté pour l’extrême droite. M. André Ventura a créé Chega il y a cinq ans, fort de sa notoriété acquise depuis 2014, sur une chaîne câblée très populaire, en tant que chroniqueur sportif. Longtemps militant du PSD, il avait conduit la liste de ce parti en 2017 aux élections locales, à Loures — une municipalité au nord de Lisbonne alors dirigée par les communistes — et défrayé la chronique en s’en prenant à une communauté gitane qui vivrait « quasi exclusivement des subsides de l’État ». Malgré de tels propos, le président du PSD Pedro Passos Coelho — premier ministre de 2011 à 2015 — lui avait conservé son soutien.

L’échec de la tentative de M. Ventura de prendre la direction du parti de centre droit le conduisit à créer sa propre formation. À sa tête, il développa un discours hostile aux minorités comme au mariage des personnes de même sexe, et il réitéra son « engagement en faveur des valeurs de la social-démocratie (…)

Taille de l’article complet : 2 224 mots.

Cet article est réservé aux abonnés

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *