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Des JO « responsables », un chantier inachevé, par Margot Hemmerich (Le Monde diplomatique, mai 2024)

ByVeritatis

Mai 8, 2024


Paris 2024, des Jeux sans joie

Les organisateurs affichent leur ambition de préparer les premiers Jeux durables, inclusifs et solidaires. En Seine-Saint-Denis, où sont construites une grande partie des installations, on mesure déjà la réalisation mais aussi les limites de ces promesses touchant aux conditions de travail comme aux retombées économiques et sociales.

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André Wendland. — « Muscle Mary » (Marie musclée), 2023

© André Wendland – Galerie Droste, Berlin, Paris

«On a prouvé que l’on pouvait être socialement responsables, si ce n’est exemplaires. » Le 23 septembre 2023, l’ancien dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT) Bernard Thibault s’exprime sur l’estrade de la Cité du cinéma, à Saint-Denis, en sa qualité de coprésident du comité de suivi de la charte sociale des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024.

Au même moment, M. Moussa H. termine son service. Lui aussi connaît bien la Cité du cinéma : elle jouxte le chantier du village des athlètes. Il y a travaillé, au noir, pendant plusieurs mois. Ce jour-là, assis au soleil d’automne, il prend son temps. Arrivé en France en 2008, originaire du Mali, il vient d’obtenir son premier titre de séjour d’un an. « J’ai vécu toutes ces années avec la peur au ventre. Même le soir chez moi, j’avais la crainte de me faire arrêter. » Pas de papiers, mais du travail : « En quinze ans, je n’ai jamais passé plus de trois mois sans travailler. Sur les chantiers, il y a toujours besoin de sans-papiers. » Ceux des JO ne feront pas exception.

Sa carte d’identité professionnelle du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est toujours dans son portefeuille. Grâce à ce petit bout de carton plastifié, M. H. a pu entrer quotidiennement dans le futur village olympique au cœur du nouveau quartier Pleyel, quai de Seine à Saint-Denis. Il a été embauché sous pseudonyme par une équipe de sous-traitants de la construction, qui montait ou soldait des entreprises avec un très petit capital social, de 1 000 à 2 000 euros. « Ça ne se passe pas dans une agence d’intérim ! C’est du bouche-à-oreille. On envoie nos documents par texto ou par WhatsApp, et le lendemain on a l’adresse. Personne ne se préoccupe de savoir si c’est vraiment notre identité. » Selon la permanence de la CGT à Bobigny, au moins une centaine d’ouvriers sans papiers auraient participé à la réalisation des ouvrages des JO, soit une faible part de la main-d’œuvre, puisque la construction de ces équipements a représenté près de vingt (…)

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