Paris-Alger, les calculs de la surenchère, par Lakhdar Benchiba (Le Monde diplomatique, avril 2025)


Contentieux du Sahara occidental et arrestation de Boualem Sansal

Dans un contexte international très tendu, les querelles franco-algériennes pourraient donner un certain sentiment de décalage… Mais il ne faut jamais négliger la capacité du régime d’Alger de se nourrir d’un discours antifrançais pour se légitimer, ainsi que la disposition de la droite et de l’extrême droite françaises à flatter un électorat sensible aux diatribes contre l’Algérie.

Se dirige-t-on vers une rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France ? Impensable il y a encore six mois, une telle perspective n’est plus exclue par les diplomates des deux camps qui s’affairent à apaiser, ou du moins à faire retomber d’un cran, les tensions entre les deux pays. L’histoire des relations franco-algériennes depuis 1962 a connu nombre d’épisodes tumultueux mais jamais d’une telle intensité. Comme dans la majorité des disputes, les torts sont partagés, mais le point de départ demeure la décision française de reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que les Nations unies considèrent encore comme un territoire à décoloniser. Par une lettre du président Emmanuel Macron au roi du Maroc Mohammed VI, Paris a acté cette reconnaissance de souveraineté le 30 juillet 2024. Alger a immédiatement réagi en « retirant » son ambassadeur à Paris. Quelques semaines plus tard, le président de la République enfonçait le clou devant le Parlement marocain : « Le présent et l’avenir de ce territoire s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. »

Depuis des décennies, la France s’adonnait à un exercice d’équilibriste : maintenir un soutien constant au Maroc sur cette question, notamment au sein des institutions internationales, sans jamais franchir la ligne de la reconnaissance officielle de souveraineté. Cela sauvait les apparences et permettait à Paris d’entretenir des relations plus ou moins cordiales avec les deux rivaux maghrébins.

M. Macron avait eu la courtoisie de prévenir son homologue algérien en marge du sommet du G7 à Bari, le 13 juin 2024. Les autorités algériennes n’ont donc pas été prises de court, mais cela n’a pas modéré leur réaction. « La France va payer. » Le mot d’ordre prévaut dans l’appareil étatique, y compris au sein des grandes entreprises publiques qui se détournent peu à peu de leurs fournisseurs hexagonaux. Le dossier du Sahara occidental — comme celui de la tension permanente avec le Maroc entamée dès l’indépendance (…)

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